Test Baron Wittard : Nemesis of Ragnarok (PC) : 6/10 sur JeuxVideo.fr

Un certain nombre de jeu base leur fond de commerce sur leur ambiance horrifique à tout casser qui colle la frousse aux plus téméraires d’entre nous. Si cette caractéristique se retrouve le plus souvent dans les TPS ou FPS, elle est beaucoup moins rattachée aux jeux d’aventure type Myst-like. Pourtant, c’est le cas de Baron Wittard : Nemesis of Ragnarok. Le joueur y incarne un journaliste envoyé dans un mystérieux complexe par sa rédactrice en chef, afin de pondre un article choc. Ce bâtiment gigantesque s’avère en fait être une ville autonome comprenant magasins, écoles ainsi qu’un millier d’appartements et répondant au sobriquet d’Utopie. Ce beau rêve tombe toutefois en décrépitude depuis la mort du Baron Wittard, architecte de génie et créateur du projet, ainsi qu’avec l’apparition de phénomènes étranges. Personne n’ose reprendre son œuvre, d’autant plus qu’une entité sème la terreur et la panique dans les villages alentours. Avec une telle entrée en matière, difficile de ne pas être attiré par le scénario du jeu. L’univers s’annonce réellement intéressant et l’histoire prenante. Malheureusement, une fois au cœur d’Utopie, force est de constater que l’on reste un peu sur notre faim. Très vite, le joueur récupère un médaillon contenant l’âme de Wittard. Ce dernier l’exhorte de partir à la recherche de 10 runes disséminées dans tous l’immeuble s’il ne veut pas finir en nourriture pour l’entité locale. Du coup on est un peu déçu par cette chasse aux trésors qui consiste, tout au long du titre, à aller récupérer les fameux cailloux. Fort heureusement, le background général et l’ambiance glauque à souhait du soft sauvent les meubles. Les lieux en décrépitudes rendent l’atmosphère pesante. Une impression renforcée par le fait que le joueur se retrouve relativement seul, myst-like oblige. D’ailleurs le titre de Micro-Application reprend la plupart des mécaniques du soft de Cyan Worlds.

On retrouve donc tout ce qui a fait le succès de Myst. Des lieux désespérément vides, des images fixes et bien entendu des énigmes retorses à souhait. Arrêtons-nous d’ailleurs sur ces dernières. Si on pouvait penser qu’elles seraient légions, il n’en est rien. Le titre souffre clairement d’une carence en casse-têtes alors qu’ils auraient théoriquement dus ponctuer et rythmer l’aventure. Pis encore, lorsqu’il y en a, ils se révèlent relativement mal intégrés à l’intrigue. La plupart du temps, ce ne sont que des variantes de puzzles connus. Heureusement, certains autres se greffent parfaitement à l’histoire. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui donneront le plus de fil à retordre au joueur. Tout au long de l’aventure, il faut en effet tout noter, recopier afin de ne pas être bloqué bêtement face à une énigme. Les phases d’exploration s’avèrent donc très utiles pour la collecte d’informations en tout genre. Et de l’exploration, il y en a. On passe énormément de temps à déambuler dans Utopie, à faire des allers et venues dans les mêmes lieux afin d’y trouver des indices pour la suite. Ces phases se révèlent pénibles à la longue d’autant que le rythme du jeu s’avère très lent et le mode de déplacement cauchemardesque. C’est vieillot et particulièrement mou. On avance donc avec le rythme d’une grand-mère en déambulateur, les changements d’écran se faisant avec tout autant de punch. Enfin, il est impossible de passer plus rapidement les lignes de dialogues. Quand bien même on aurait fini de lire la phase de discussion où Wittard nous explique comment nous sortir de ce trou, il serait impossible de passer à la suite. On fait clairement un bond dans le passé.

Terminons comme il se doit cette promenade horrifique par un point technique. La réalisation reste correcte sans plus. Les environnements sont jolis mais désespérément fixes. Le plus gros point fort de l’univers reste sans nul doute la variété des décors. Projet Utopie oblige, c’est tout une mini-ville qui s’offre à nous. On a donc à faire à un bar, une piscine, de grands halls, des réserves ou encore des appartements. On ne peut toutefois s’empêcher d’être un peu déçu par le nombre d’environnements croisés. Avec toute une cité à notre disposition, on aurait aimé voir plus de choses. L’expérience en aurait été améliorée ainsi que la durée de vie qui se révèle quant à elle un peu courte (d’autant qu’il n’y a aucune quêtes annexes à se mettre sous la dent pour satisfaire son égo). Il faudra 5-6 heures pour voir le bout de l’histoire. Côté ambiance sonore toutefois, c’est une vraie réussite. Les musiques sont discrètes certes mais les petits craquements, couinements et raclements se révèlent légions et parfaitement angoissants. On traverse les environnements au son de nos pas et lorsque qu’un nouveau bruit vient s’y mêler, on ne peut que frissonner. C’est appréciable dans un jeu qui nous vante la qualité de son ambiance.

Baron Wittard nous laisse un sentiment mitigé. Autant son ambiance, ses environnements diversifiés et ses bruitages nous ont conquis, autant son rythme lent, ses énigmes peu inspirées et peu nombreuses et son scénario un peu bancal déçoivent clairement. C’est dommage car il y avait du potentiel derrière l’idée.