Yesterday, le test satanique du premier thriller de Pendulo Studios
Avec Yesterday, Pendulo Studios nous propose une aventure sombre et d�rangeante d'une remarquable qualit� mais malheureusement un brin courte.
Apr�s une trilogie Runaway r�ussie et un timide The Next Big Thing, les talentueux espagnols de Pendulo Studios reviennent avec une nouvelle aventure intitul�e Yesterday. Avec ce titre, ils abandonnent le c�t� d�cal� et humoristique de leurs pr�c�dentes productions pour nous proposer une histoire bien plus sombre et d�rangeante qui ne laisse pas indiff�rente.
� New York, de myst�rieux meurtres sont commis � l�encontre de clochards par un insaisissable tueur en s�rie. Les cadavres sont retrouv�s br�l�s. La police n�y accorde que tr�s peu d�importance, mais ce n�est pas le cas de l�association des Enfants de Don Quichotte. Deux de leurs membres, Henry White et Samuel Cooper, partent justement explorer un souterrain abandonn� dans lequel pourraient se trouver des sans-abris. Henry White, filiforme et intelligent fils de milliardaire ainsi que le costaud, mais bien moins fut�, Samuel Cooper sont deux des personnages jouables de cette aventure. Le troisi�me est un certain John Yesterday, homme amn�sique � la recherche de son pass� qui poss�de une �trange cicatrice en forme d�Y sur la paume de sa main. C�est ce dernier que nous incarnerons une fois pass�s les deux premiers chapitres sur la dizaine que comporte le jeu.
Jeu d�aventure point & click classique dans son approche, Yesterday apporte tout de m�me son petit lot de nouveaut�s. Ainsi, la gestion des d�placements a �t� revue. S�il est toujours possible de cliquer n�importe o� dans le d�cor pour faire bouger notre personnage, d�sormais, en cliquant sur un �l�ment interactif, il se t�l�porte instantan�ment et accomplit l�action demand�e. Une fois que l�on y a go�t�, on ne peut plus s�en passer. Intelligent et astucieux, le syst�me d�indices innove lui aussi. Une fois utilis�e, l'ic�ne de lampe se vide et il n'est plus possible d'y recourir tant qu'il ne s'est pas enti�rement rempli � nouveau. Pour ce faire, il faut r�aliser un certain nombre d'actions. Une bonne id�e qui incite le joueur � se creuser un peu la t�te plut�t que de solliciter l'aide en permanence. Terminons avec le syst�me de sauvegarde tr�s bien pens�. Enfin un jeu d�aventure dans lequel nous n�avons pas besoin de penser � faire une sauvegarde. Le syst�me mis en place multiplie les points cl�s de l�aventure en cr�ant automatiquement une entr�e et en propose une sp�cifique correspondant exactement au moment o� nous quittons la partie. Tr�s utile, ce syst�me permet notamment de bien profiter des quatre �pilogues alternatifs qui nous sont propos�s.
Autre changement op�r�, une barre d�inventaire tr�s sobre est d�sormais situ�e en bas de l��cran. Les pr�c�dentes productions du studio ont jusqu�� pr�sent toujours offert un �cran d�inventaire � part. Un clic gauche permet d�examiner l�objet et il faut passer par un glisser/d�poser pour l�utiliser sur un autre �l�ment de l�inventaire ou sur une des zones interactives. En maintenant le pointeur cliqu� sur la barre, il est possible de la d�placer horizontalement. Une option permet de la maintenir en permanence affich�e ou non. Une interface parfaitement pens�e pour une utilisation tactile. De l� � voir arriver prochainement le jeu sur tablettes et smartphones, il n�y a qu�un pas. Nous retrouvons �galement l'option permettant d'afficher les zones interactives des lieux.
Pendulo Studios a appris de ses erreurs notamment sur l�un des reproches formul�s � l�encontre de The Next Big Thing � savoir le rythme de l�histoire. Un bon point donc pour Yesterday avec un d�marrage de l�histoire et les premi�res surprises sc�naristiques qui arrivent tr�s rapidement, donnant ainsi un rythme qui nous entra�ne imm�diatement. Nous sommes tenus en haleine en permanence et voulons savoir ce qu�il va bien pouvoir se passer. Les sc�naristes espagnols savent raconter des histoires et celle-ci est particuli�rement bien ficel�e, coh�rente de bout en bout dans ses moindres d�tails, men�e tambour battant o� m�me les passages un peu plus lents ne nuisent en rien au rythme et � l�intensit� dramatique. Le tout est �paul� par une excellente narration et une mise en sc�ne percutante. Cette derni�re s�appuie sur de nombreuses sayn�tes narratives ainsi que sur certains plans fixes ou anim�s tr�s cin�matographiques. Aspir�s compl�tement dans cette histoire d�rangeante, sombre et morbide o� se m�lent folie, satanisme et tortures, nous regrettons seulement que la fin arrive si rapidement apr�s seulement six ou sept heures de jeu.



Visuellement, nous retrouvons le style cartoon toujours aussi color� et d�taill� qui fait la patte artistique du studio espagnol. Encore plus fin et pr�cis, leur moteur graphique b�n�ficie de nombreuses am�liorations notamment dans les effets de r�flexion et d��clairages ou dans la qualit� des textures qui s�affinent un peu plus. Un gros travail a �t� r�alis� sur les animations des personnages qui perdent enfin cette rigidit� propre aux jeux d�aventure. Le plus impressionnant demeure toutefois la qualit� des expressions faciales vraiment remarquables. Les gros plans et les fr�quentes vignettes de dialogues permettent de v�ritablement voir passer les sentiments qui habitent les personnages. Col�re, tristesse, peur, d�ception, surprise, fatalisme, douleur, plaisir, l��ventail des expressions est impressionnant et participe � la qualit� de la mise en sc�ne.
Certains d�cors sont particuli�rement travaill�s et le souci du d�tail de Pendulo est bien pr�sent notamment dans les diverses petites animations contextuelles ou d�ambiance. Les �v�nements particuliers et les zones interactives se voient d�sormais affich�s dans des cases de style bande dessin�e o� deux options nous sont propos�es. La premi�re est l�examen de la zone en question, la seconde est une action contextuelle qui change selon les circonstances. Le mot d�ordre semble avoir �t� la simplicit� des commandes. Le joueur fait tout avec un seul clic gauche. Et encore une fois, on ne peut s�emp�cher de penser � une interface �tudi�e pour le tactile. Le bon usage de ces vignettes donne du dynamisme aux s�quences narratives via des animations ou des s�quences flashback qui se superposent � l�action du moment. Pour ne rien g�cher, les s�quences cin�matiques, parfois longues, sont parfaitement int�gr�es.
Cette aventure s�axe essentiellement sur les combinaisons d�objets et leur bon usage au d�triment des �nigmes et autres puzzles. Il est juste regrettable que l'une des �nigmes du jeu soit r�utilis�e deux fois sans grandes variations dans son approche. Nous sommes assez bien guid�s sur ce qu�il convient de faire et globalement, le tout est logique. Tomber dans des combinaisons farfelues aurait certainement nui � l�homog�n�it� de l�aventure. Tout est bien coh�rent et Pendulo nous gratifie m�me de quelques pointes d�humour assez fines dans les dialogues pour d�tendre l�atmosph�re ainsi que d�un peu d�autod�rision discr�te et de quelques r�f�rences en clin d��il � Runaway 3 et � The Next Big Thing (dont une particuli�rement bien cach�e) que les connaisseurs appr�cieront � leur juste valeur. Apr�s nous avoir habitu�s aux personnages d�jant�s et amusants, la galerie propos�e ici est �clectique avec des personnalit�s d�rang�es, sombres et perturb�es. La vingtaine de protagonistes crois�s sont tous travaill�s dans leur psychologie et nous croisons aussi bien un psychopathe, qu�un pervers en passant par l�ex-petite amie bafou�e, des sectateurs satanistes ou un ermite mystique.
Yesterday n�est pas bien loin du sans-faute pour Pendulo, mais un dernier regret est � formuler. Si la traduction fran�aise toujours r�alis�e par Words Of Magic est d�une excellente qualit� (avec pour une fois, des sous-titres qui n'adoucissent pas la violence verbale anglo-saxonne), le titre est uniquement sous-titr� dans la langue de Moli�re, les voix restant en anglais. Si nous aurions bien s�r pr�f�r� l�int�gralit� dans notre langue, il faut reconnaitre que le doublage anglais est de tr�s bonne facture avec une synchronisation labiale tr�s honorable. Autre point surprenant, seuls les dialogues sont doubl�s. Tout ce qui concerne les descriptions d'objets, ou l'utilisation de ces derniers reste purement textuel. Notons enfin que sur la fin de l'aventure, certaines phrases ne sont m�me plus prononc�es, voire m�me pas �crites,seul un curseur est affich� � l'�cran. Les th�mes musicaux d�ambiance sont parfaitement �tudi�s sachant se faire discrets et suffisants, arrivant � point nomm� et s�accentuant avec la tension du moment. Toujours en accord avec l�action ou les lieux, ils m�lent les rythmes lents aux sonorit�s asiatiques en passant par quelques passages plus � metal �. Malgr� cet �clectisme, le tout se r�v�le parfaitement coh�rent. Enfin, la qualit� et la vari�t� des bruitages ont b�n�fici� d�un soin tout particulier si bien qu�ils passeraient presque inaper�us tant il semble logique de les entendre.



Yesterday, solution compl�te en vid�os (Chapitres 1 � 7)
Yesterday, solution compl�te en vid�os (Chapitres 8 � 10 + les 4 �pilogues)
Satan bouche un coinRetour au sommaire

Gameplay #1 - Morceaux choisis






Un jeu excitant, Satan l'habite !Retour au sommaire







ConclusionRetour au sommaire
Yesterday tient ais�ment le haut du pav� dans les productions Pendulo m�me si le studio espagnol ne retrouve pas encore l�excellence de sa s�rie Runaway. Le titre nous propose une histoire tr�s bien �crite et brillamment mise en sc�ne avec son lot de rebondissements et de surprises. La galerie de personnages est �toff�e, l�ambiance est admirablement pos�e, et le tout b�n�ficie d�une coh�rence � toute �preuve. Tant et si bien qu�en le recommen�ant nous appr�cions d�autant plus certains d�tails qui sur le moment nous avaient �chapp�. Mais d�un autre c�t�, l�aventure reste assez courte, n�est pas int�gralement en fran�ais, le doublage dispara�t sur la fin de l'aventure, et la seule v�ritable �nigme est r�utilis�e quasiment � l�identique. Heureusement, Pendulo Studios nous offre une r�alisation de premier ordre avec un souci du d�tail remarquable tant du point de vu graphique que sonore. Vendu � petit prix (une trentaine d'euros), Yesterday est ind�niablement un des titres forts du studio espagnol et tout amateur de point & click ne doit pas passer � c�t�. Toutefois, peut-�tre serait-il bon que Pendulo ne nous ponde plus une aventure par an, mais prenne plus de temps pour nous peaufiner une belle, bonne et surtout longue aventure de cette trempe.

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