Test HomeWorld 2 (PC) : 0/10 sur JeuxVideo.fr

Il y a l�appel de l�oc�an. Et il y a l�appel des espaces vides. Ceux qui connaissent 2001 : Space Odyssey saisissent sans doute l�id�e. Quant aux cr�ateurs d�Homeworld 2, ils devaient forc�ment ressentir ce genre d�appel, le go�t du silence et des voyages-odyss�es. Ce RTS est en effet une formidable plong�e au royaume des soleils noirs et du bruit blanc. D�s la cin�matique d�intro, r�alis�e en noir et blanc, les signes sont assez nombreux pour comprendre qu�Homeworld 2 sera �pique. D�mesur�. Wondering.

Les choses se confirment avec la premi�re mission, qui vous l�che en plein dans la cagasse. Les Vaygr, un nouvel ennemi, est en effet apparu dans votre syst�me. En inf�riorit� num�rique, vous n�avez d�autre choix que de lancer un d�part � l�improviste, en esp�rant pr�server votre vaisseau-m�re du plus gros des attaques. Un sc�nario catastrophe donc, et o� le danger n�est pas une simple menace lanc�e dans le vague. D�s cette premi�re mission, la difficult� est au rendez-vous et vous aurez besoin d�un sens tactique d�j� affin� pour prendre les bonnes d�cisions et mener le vaisseau-m�re vers la s�curit�.


De mani�re classique, la suite du jeu se pr�sente sous la forme de missions successives, o� la difficult� augmente graduellement. Ou plut�t faudrait-il dire : hyperboliquement. D�s la troisi�me mission en effet, les choses deviennent vraiment tr�s corc�es. Un joueur peut-il d�velopper le don de prescience, devenir une sorte d�integron homme/machine aux capacit�s r�actives hors du commun ? Aussi ambitieux dans ses th�mes (le space-opera au grand sens du terme) que dans son concept (diriger un Vaisseau-M�re et son escorte � travers l�espace), Homeworld exige du joueur des capacit�s surhumaines.

Sa difficult� hors du commun rend difficilement imaginable le passage d�une seule mission sans un usage r�p�t� du saving. Mais ce qui aurait pu passer pour un d�faut pr�juduciable dans n�importe quel autre jeu fonctionne ici comme un puissant levier emotionnel. Gr�ce � sa difficult� hors du commun, il transforme le joueur en une sorte de super-gardien, garant de la s�curit� et de la p�r�nnit� de tout un peuple.

Mission apr�s mission, l�intrigue va en s��toffant. Sous peu qu�on y joue plusieurs heures d�affil�e sans �tre interrompu, Homeworld 2 se d�couvre alors comme un jeu-monde capable d�absorber totalement le joueur, au point de faire passer la r�alit� quotidienne totalement en arri�re-plan. Les causes de l�addiction ne se limitent d�ailleurs pas � la qualit� du scenario et de sa mise en sc�ne. La qualit� du gameplay y participe elle aussi. Tout le miracle est en effet de parvenir � g�rer les unit�s dans un parfait compromis entre les exigences de la strat�gie temps-r�el (efficacit� et r�activit�) et l�ampleur tout � fait d�mesur�e des t�ches � accomplir. Contr�le des flottes d�interceptions, productions d�unit�s, r�colte de ressources, en apparence rien de bien original. Mais en r�alit�, Homeworld 2 est riche d�un bon paquet d�innovations, m�me si pour les identifier, un certain effort d�analyse peut �tre n�cessaire.

Certains habitudes ne valent que parce qu�elles sont entretenues. Dans un RTS, la map fait figure d��l�ment indispensable. Un sine qua non en somme, puisque d�terminant la nature des strat�gies possibles. Homeworld 2 se la joue hors-caste de ce c�t�-l�. Les cartes : un espace vide ponctu� de quelques amas d�ast�ro�des. Un environnement quasi-transparent, qu�on imaginerait volontiers � g�om�trie variable, o� les choses. O� les choses s�appr�hendent sans r�f�rent fixe. Trois formes ancrages visuellement dominent cependant. Le vaisseau-m�re, emperceptiblement en mouvement. Les diff�rentes escouades de chasseurs et autres fr�gates qui parcourent l�espace, non pas seulement en hauteur et largeur, mais �galement en profondeur. Le plan macroscopique enfin, o� la zone de conflit se pr�sente comme un vaste plan de coupe divis� en rayons aux diff�rents proportions.


Outre la grande diversit� des unit�s et leur parfaite ad�quation avec le th�me space op�, Homeworld 2 brille par la qualit� de sa jouabilit�. Passer d�une unit� � l�autre, produire des nouvelles technologies ou appr�hender l��volution des conflits � grande �chelle, tout cela se fait d�un seul clic. Une jouabilit� qui par ailleurs procure un vrai plaisir de jeu, en raison de la vari�t� des rendus visuels correspondants. Passer de l�aper�u macro � la gestion des unit�s en plein combat, c�est aussi troquer un aper�u mapping pour des affrontements fluides et tr�s beaux visuellement. La possibilit� de zoomer � des �chelles tr�s vari�es procure par ailleurs un rendu dynamique vraiment agr�able. L�environnement sonore, tout en effets aquatiques, finit de vous plonger en plein c�ur des combats intersid�raux. Accompagn�s par la voix de votre human-IA (�a rappelle Starcraft), ils participent au rythme tr�s particulier qui fait l�autre singularit� de Homeworld 2.

Le rythme des parties solo dans Homeworld 2 est en effet tout � fait unique en son genre. Sans les r�p�res fournis par une map classique, il est en effet quasi-impossible d�identifier d�o� peut venir le danger. L�ennemi peut venir de dessous, de derri�re, de la droite ou la gauche. Eloigner ses unit�s, c�est ainsi se pr�ter � une attaque venant de plusieurs directions simultan�es. Or c�est pourtant bien ce qu�il faudra souvent faire, soit pour accomplir certains objectifs, soit pour aller r�colter des ressources sur les champs d�ast�ro�des. Le r�sultat est double : d�une part, se d�placer � de grandes distances procure le sentiment d�effectuer les choses dans la dur�e. Se d�placer d�un point � l�autre prend du temps, et dans le vide de l�espace, cette exp�rience a quelque chose d�apaisant. Mais d�un autre c�t�, �loigner ses unit�s offensives du vaisseau m�re, c�est le laisser d�pourvu en cas d�attaque surprise. Et celles-ci peuvent arriver tr�s vite, les unit�s ennemies pouvant recourir aux vols hyperspatiaux et d�barquer de nulle part. De ce point de vue, �taler ses unit�s, c�est un peu comme plonger de plus en plus profond au c�ur de l�oc�an, sans savoir quels dangers nous guettent.

Question multiplayer enfin, Homeworld 2 se d�fend tr�s bien. Contrairement aux apparences, les parties ne manquent pas de dynamisme et les conflits peuvent rapidement �clater. Plus encore, les choses sont aussi agr�able � jouer � deux qu�� quatre ou plus encore. Au final : le multijoueur, m�me s�il ne b�n�ficie pas de l�armature sc�naristique du mode campagne, est donc une valeur s�re, et ravira les amateurs de longues et dures batailles.


Calme et tension, lenteur et pr�cipitation des �v�nements, Homeworld 2 joue sur des exp�riences paradoxales, dans la lign�e de son pr�d�cesseur. En tant que RTS, il fait figure d�objet singulier et inimitable, un soft � la difficult� con�ue pour des hardcoregamers et dot� d�un pouvoir immersif sans �gal. Un titre pharaonique, � la hauteur de ses ambitions, et qui d�montre une nouvelle fois combien jeu video et science-fiction peuvent accomplir la plus belle des synergies.

Homeworld 2 est le digne fils de son pr�d�cesseur. particuli�rement bien inspir� sur le plan de l'ambiance et du gameplay, un titre que tout hardcore-gamer se doit de poss�der.