Test de Commandos 2 : Men of Courage
Tout joueur digne de ce nom possède un goût prononcé pour les missions casse-pipe. Commandos 2, c’est l’exploitation à la lettre de cette pulsion suicidaire : un principe de jeu qui ne tolère pas les demi-réussites (perdre un seul de ses hommes, et la mission est un échec) ; des cartes gigantesques aux innombrables détails ; des moyens dérisoires pour parvenir à accomplir des objectifs démesurés. Dans Commandos 2, difficulté et pouvoir d’addiction ne font qu’un, alchimie improbable et pourtant brillamment atteinte, grâce auquel le titre de Pyro Studios se hisse au rang des meilleurs jeux de stratégie tactique jamais réalisés.
Commandos 2 reprend peut-être un système d’affichage analogue à son père naturel, sa facture a profondément changé. Les personnages sont intégralement modélisés en 3D. Il est possible de faire pivoter la caméra en temps réel. Les textures sont incroyablement plus riches. On ne sait pas où donner de la tête car primo c’est vraiment la grosse claque visuelle et deuzio on se sent comme écrasé devant la force militaire déployée sous nos yeux. Pris de vertige, on doute déjà pouvoir s’en sortir indemne.




La taille de la carte vous terrifie ? C’est compter sans les bâtiments, dont l’intérieur est désormais accessible. Et contrairement aux environnements extérieurs, le contenu des pièces vous sera inconnu, à moins d’envoyer un homme jeter un œil par le trou d’une serrure. De quoi ajouter une bonne dose de paranoïa supplémentaire. Autre nouveau défi, il faudra compter avec la température extérieure : pas question de se promener sans doudoune par – 40, à moins de vouloir attraper une bonne pneumonie.
Certaines aptitudes autrefois réservées à un spécialiste ont été étendues (comme porter un cadavre ou un tonneau, soigner un membre de l’équipe), par souci de rendre les parties multi-joueur plus agréables. Avec pour conséquence de niveler l’écart entre les personnages. On se retrouve ainsi avec un boucher et un voleur tellement polyvalents qu’on finit par délaisser des personnages autrement plus charismatiques, comme le marin ou l’espion.


En cliquant sur un soldat, on prend immédiatement connaissance des zones couvertes par son champ de vision. Une ligne de démarcation signale où s’arrête son champ de perception proche, au-delà duquel on pourra ramper sans craindre d’être aperçu. Innovation appréciable, la gradation progressive du champ, du vert clair au rouge, indique l’évolution de son degré de vigilance. Et parce que la perception d’un soldat ne se limite pas à la vue, il faudra aussi faire avec l’environnement sonore.
Dans Commandos 2, il faut avoir le naturel frileux. Aimer vérifier quarante fois si une zone a bien été sécurisée avant d’y aventurer un de ses hommes. Parce que l’IA des commandos est inexistante, à la différence des soldats du Reich, le joueur ne peut que s’en sentir responsable. Et c’est pourquoi rien n’est plus douloureux qu’exposer son homme pour le voir cueilli par la balle d’un tireur embusqué.
Outil indispensable pour éviter ce genre de drame (et déjà présent dans le premier opus), la division de l’écran en plusieurs parties, avec la possibilité d’assigner une camera à une unité dont on souhaite savoir la position à tout moment. On pourra également marquer une zone pour connaître les soldats les plus gênants ayant un point de vue stratégique. Tout cela est plus que jamais indispensable, puisque l’ennemi sera souvent embusqué dans les bâtiments intérieurs, ou sur une façade dissimulée.

Passer à côté de ce titre fondamental serait une erreur, tant pour l'expérience de jeu qu'il propose (diriger une poignée d'hommes particulièrement vulnérables dans un environnement hostile et bien préparé) que pour l'aboutissement de sa réalisation (absence de bugs, qualités techniques). Prions pour que cette réussite ne soit pas la dernière d'un genre où la concurrence se fait rare.