Test ArmA : Armed Assault (PC) : 0/10 sur JeuxVideo.fr

Bienvenue au Royaume de Sahrani du Sud. Ne cherchez pas sur une carte, cette île située selon le manuel du jeu dans l’Atlantique n’existe pas. On pourrait toutefois la comparer un peu à Haïti du point de vue du climat et à la Corée du Sud pour ce qui est de la politique. En fait, il y a deux îles. Au sud, une monarchie démocratique pro américaine appelée le Royaume de Sahrani du Sud, et au nord, une dictature communiste appelée la République Démocratique de Sahrani. Bien que tout les oppose, les deux voisins homonymes ont vécu ces dernières années une paix relative. Mais récemment, le gouvernement du Sud a souhaité faire appel à l’armée américaine pour former ses propres troupes. Des instructeurs ont donc été dépêchés sur place. Car les Etats-Unis, c’est bien connu, sont des gentils. Mais les voisins du Nord, les communistes (qui, c’est bien connu, sont des méchants), voient en cet afflux de troupes impérialistes une menace à leur belle dictature. Et les choses vont donc forcément dégénérer. Voilà pour le contexte historique. Ah, il faut encore préciser que l’action se déroule de nos jours, pour autant qu’on le sache. Vous pourrez donc compter sur les dernières technologies en matière d’armement. Que les connaisseurs se réjouissent.

ArmA (pour Armed Assault) est un jeu en vue subjective, un FPS, autrement dit, qui vous place au cœur de l’action, dans la peau d’un soldat. Conçu pour être pratiqué en mode multi, il dispose toutefois d’une campagne longue de 21 missions (de longueur il est vrai très variable) et d’un éditeur de scénarios pouvant aussi bien servir en réseau qu’en solo. La campagne, puisqu’on en parle, ne vous permettra pas de jouer un autre camp que celui des forces américaines. Un parti pris discutable mais imposé. Rassurez-vous, le jeu en réseau et vos scénarios personnels devraient vous permettre d’incarner les méchants communistes du Sahrani du Nord. Je sais que ça fera plaisir à certains. Puisque nous sommes dans ce registre, précisons aussi que le mode multi est tout simplement l’un des meilleurs qu’il ait été donné de voir sur un jeu de ce type. Plus de cent soldats virtuels peuvent en effet prendre part à une mission en même temps. Imaginez les possibilités tactiques offertes par un tel détachement ! Ca va hurler dans les casques et les micros, d’autant plus que le jeu offre de par lui-même des possibilités inouïes. Mais tâchons de procéder par ordre.

Ce qui caractérise ArmA de prime abord, c’est une remarquable qualité graphique. Le moteur de Operation Flashpoint a été réutilisé et amélioré, les textures se sont affinées et le degré de définition des décors a été revu à la hausse. Cela donne un véritable sentiment d’immersion sur le champ de bataille, auquel les captures d’écran ci-contre, effectuées sur une config relativement modeste, ne permettent pas de rendre pleinement justice. Pour ceux qui connaissent, c’est presque plus beau qu’un Oblivion à fond. Le théâtre des opérations est varié : campagnes, collines, zones forestières ou désertiques, villes, plages paradisiaques… Et puisque le jeu permet de profiter pleinement des grands espaces, vous n’allez pas vous priver de faire un peu de tourisme. Les hautes herbes ploient sous la pression du vent et une foule de détails rendent encore plus réaliste chaque scène. Graphiquement toujours, la modélisation des personnages est assez bien réalisée, autant dans ce qui est des formes et des textures que dans les mouvements. Il faut bien entendu une configuration musclée pour jouer avec tous les détails à fond, mais même sur une machine répondant tout juste aux impératifs techniques du jeu, cela reste assez agréable.

Pour terminer d’évoquer l’enveloppe du titre, sachez que la musique du jeu est exclusivement rock, même pendant les missions (il est bien entendu possible de la couper, ce que vous ne manquerez pas de faire par souci de réalisme), et globalement de bonne qualité. Les voix sont parfois un peu trop hachées et répétitives, mais cela donne finalement un bon aperçu de ce qui peut se dire sur un champ de bataille, dans le feu de l’action. Un ordre doit être simple et facilement compréhensible. On ne va pas finasser. Mais entendre dix fois de suite « It’s history, man ! (On fait l’Histoire, mec)» ou « Stay on target (Reste sur la cible)», c’est tout de même un rien casse-pieds. Du point d’ouïe des bruitages (ben oui, on va pas parler de point de vue), ce n’est que du bonheur. Il faut dire qu’il y a là aussi de la variété avec le nombre de véhicules différents que l’on peut piloter… ArmA est donc bien armé en apparence. Même la boîte du jeu, métallisée, a bénéficié d’un soin tout particulier. Reste à voir ce qu’il a dans le ventre.

Déplacer son personnage dans l’univers du jeu est un vrai régal. Les commandes sont simples et conservent les acquis d’autres jeux du même type. Bien que l’on puisse reconfigurer les touches, leur assignation par défaut est très commode. On peut avancer en marchant, en courant, accroupi ou en rampant, utiliser une flopée d’armes, viser via des lunettes spéciales ou simplement à la mire, profiter de chaque objet suffisamment gros comme protection... Rien ne vient entraver l’élaboration d’une tactique d’approche ou de défense, si ce n’est bien entendu l’opposition, qu’elle soit gérée par l’IA ou humaine. On déplorera cependant que certains taillis ne puissent être franchis alors qu’on les distingue assez mal des hautes herbes. Mais ce petit défaut mis à part, le côté FPS ne souffre d’aucun défaut. Mais vous n’aurez pas à user trop souvent vos semelles dans ArmA, car l’armée américaine est motorisée. Et vous allez pouvoir vous en donner à cœur joie au volant ou aux commandes de différents véhicules : Jeeps, Hummers, tanks et blindés divers, hélicoptères, avions… Autant dire que votre brevet de pilotage sera très utile. Le maniement des véhicules au sol ne posera aucun problème, mais les hélicoptères et les avions nécessitent tout de même un petit apprentissage. Ce n’est pas aussi difficile qu’un véritable simulateur de vol, mais n’espérez pas toucher un arbre en volant trop bas et vous en tirer sans dommage…

Comment ça se passe, en clair ? Lorsque vous êtes à pied, sur le champ de bataille ou dans votre campement, vous pouvez vous approcher d’un véhicule, et si une icône apparaît en pointant vers cet appareil, vous pouvez vous en rendre maître (même s’il appartient à l’ennemi). Mais c’est encore plus subtil. Car il n’y a pas qu’un conducteur dans un véhicule : il y a aussi des passagers et des canonniers. En réseau, on pourra donc s’en donner à cœur joie avec ses amis et dévaster le champ de bataille aux commandes d’un Apache ou d’un blindé ! Les mouvements restent parfaitement fluides et la vitesse est bien rendue, même si elle rendra le travail des artilleurs un peu plus délicat. On peut aussi agir de même avec des armes fixes, telles des mitrailleuses ou des canons inamovibles. Mais il va de soi que vous n’êtes pas seul sur le champ de bataille. Lorsque vous jouerez en réseau, donner des ordres à vos petits camarades reviendra souvent à parler à un mur, pour la simple et bonne raison qu’ils n’en feront qu’à leur tête. Sauf si vous avez des amis disciplinés. Mais en solo, vous aurez parfois à commander une petite unité. Les ordres sont simples et ne permettent pas de prévoir une stratégie à long terme, mais ils sont donnés efficacement, et l’IA des soldats les rend assez méfiants malgré vos ordres. Si vous leur demandez d’avancer vers un rocher, ils ne vont pas y courir bêtement, mais attendre que l’ennemi ne tire plus ou choisir une trajectoire plus sûre. Bien entendu, il n’est pas toujours aisé d’éviter les balles !

ArmA dispose donc de nombreux atouts pour s’imposer comme la nouvelle référence du jeu de guerre sur PC, en solo ou en réseau. La campagne n’est pas fantastique et le contexte proposé n’est probablement pas le plus intéressant qui soit, mais après tout, un champ de bataille en vaut bien un autre, et on sort un peu du climat « Moyen Orient » qui colle un peu trop à la réalité du moment. Mais c’est bien entendu en réseau que se développera tout son intérêt, avec une centaine de participants à la même mission, sachant que le type qui vole au-dessus de vous en hélico est un joueur humain, tout comme son artilleur, tout comme le pilote du blindé sur lequel vous avez grimpé, et qui vous permettra peut-être de franchir sans encombre ce bosquet infesté de sniper ennemis… Tous humains !

Avec ses possibilités multiples, ArmA devrait déchaîner les passions en réseau, mais n'est pas non plus inintéressant en solo avec sa campagne riche de 21 missions.