Test The Witcher (PC) : 8/10 sur JeuxVideo.fr

Studio polonais nouvellement cr�� et par cons�quent inconnu, CDProjekt est tout de m�me parvenu � convaincre un �diteur de poids, Atari, avec son tout premier projet. Il �tait pourtant question d'un jeu de r�le, un genre pour le moins difficile d'acc�s o� le public est particuli�rement exigeant. Le sc�nario �tait en outre bas� sur la s�rie du Sorceleur, une �uvre elle-aussi polonaise dont la qualit� n'est pas remise en question, mais qui n'est sans doute pas aussi vendeuse qu'une bonne licence AD&D. Enfin, pour ne rien arranger, film et s�rie bas�s sur ce Sorceleur ont �t� des �checs commerciaux... Atari n'a pourtant jamais sembl� inquiet. L'�diteur n'a d'ailleurs jamais pouss� son partenaire et tous les reports demand�s ont �t� accept�s, jusqu'� obtenir le jeu de r�le dont nous r�vions ?



Personnage myst�rieux, fier et cynique, le Sorceleur h�ros de l'�uvre de Sapkowski r�pond au nom de Geralt de Riv... Enfin, il ne r�pond pas tant que �a puisqu'au d�but du jeu de CDProjekt, il est handicap� par une amn�sie aussi tenace qu'embarrassante lorsqu'une ancienne amante lui fait des avances. Nous n'en sommes toutefois pas l� et l'aventure d�bute alors que Geralt, amn�sique donc, est soign� par ses confr�res sorceleurs. Dans leur forteresse de Kaer Morhen, ces vengeurs / justiciers pensent �tre � l'abri des terribles cr�atures qui peuplent le monde de Temeria. Il n'en est �videmment rien et apr�s une tr�s rapide entr�e en mati�re, il nous faut d�j� prendre les armes pour repousser une troupe de mercenaires emmen�e par Savolla, un puissant magicien.

Prologue et premier chapitre sont l'occasion de d�couvrir Geralt, le syst�me de combats et les fameuses � d�cisions clefs �
Cette attaque constitue ce que les d�veloppeurs ont appel� le Prologue et nous permet en r�alit� de d�couvrir le syst�me de combat con�u pour The Witcher. Plut�t que de nous faire cliquer comme des forcen�s sur les boutons de la souris ou nous faire utiliser une liste de comp�tences en mode tour par tour, les cr�ateurs ont imagin� un syst�me plus ou moins bas� sur le rythme. Selon le type de cr�ature, le joueur doit effectivement choisir entre deux types d'armes (argent, acier) et trois styles de combat (puissant, rapide, groupe). Ensuite, il faut ass�ner un coup et lorsque l'attaque de Geralt se termine, un indicateur nous signale la n�cessit� d'encha�ner. Toute la � difficult� � �tant de n'�tre ni trop lent ni trop rapide pour que l'encha�nement se poursuive jusqu'� la botte finale.

Si Sorceleur vous fait penser � sorcier, ce n'est pas un hasard et au fil du jeu, Geralt est amen� � utiliser ses dons en magie et en alchimie. La premi�re discipline lui permet de jouer avec des boules de feu ou de pratiquer la t�l�kin�sie alors que la seconde se focalise sur la pr�paration de potions. Si Geralt est capable de cr�er des �lixirs tr�s puissants (pourvu qu'il ait recette et composants), la magie reste secondaire. Les sortil�ges sont des atouts, mais Geralt est un guerrier et il ne perd pas une occasion de nous le faire savoir. Rapidement, le sc�nario l'�loigne de Kaer Morhen et des autres sorceleurs. Geralt a pour mission de d�couvrir le pourquoi de cette attaque sur la forteresse et les r�ponses ont parfois besoin d'�tre un peu � encourag�es �.

Nous touchons ici � ce qui fait la grande force de The Witcher, la cr�dibilit� de son sc�nario. S'ils viennent en aide aux populations, les Sorceleurs ne sont pas des tendres et leurs actions ne sont pas d�sint�ress�es. Bien au contraire, si la situation l'exige, ils sont pr�ts � faire usage de la force. L'intimidation, voire le chantage, fait partie des armes qu'ils utilisent et, parfois, ils peuvent mettre en oeuvre les solutions les plus extr�mes. Cet aspect rend les situations plus logiques et dans un monde violent, notre personnage s'adapte, trouve sa voie sans �tre pieds et poings li�s par un code de conduite hors de propos. Du coup, ses r�actions paraissent plus naturelles et, malgr� son allure inqui�tante, l'identification est plus rapide.

S'impliquer ou rester neutre dans un monde qui �volue, tel est le dilemme du Sorceleur
Une identification d'autant plus rapide que de nombreuses d�cisions cruciales pour le d�roulement du sc�nario sont laiss�es � la discr�tion du joueur. Ainsi, en d�but de partie, Geralt se trouve confront� � une �trange b�te dans les faubourgs de Wyzima. En d�m�lant les histoires de chacun des habitants de la r�gion, le joueur et son Sorceleur peuvent aboutir � diverses conclusions et, de ce fait, entreprendre des actions radicalement diff�rentes. L� encore, les d�veloppeurs ont fait tr�s fort, car si certaines cons�quences sautent imm�diatement aux yeux du joueur, d'autres ne seront visibles que plusieurs heures de jeu apr�s. Il ne sera alors �videmment plus question de faire machine arri�re pour tenter une des autres possibilit�s et il faudra assumer ses choix.

Le joueur peut donc choisir de prendre fait et cause pour la sorci�re Abiga�l ou plut�t faire confiance au R�v�rand du coin. Il peut choisir d'armer les hommes de la r�sistance ou au contraire leur refuser les pr�cieuses caisses qui leur auraient permis d'assassiner le d�nommer Coleman, un personnage non-joueur que le h�ros n'est donc pas certain de rencontrer. Tout au long des cinq chapitres que compte l'aventure, ces choix ne sont pas si nombreux que nous pourrions le penser, mais ils tombent � chaque fois au bon moment, relan�ant ainsi sans arr�t un sc�nario qui nous change de certaines histoires � dormir debout. Pour ne rien g�cher, les qu�tes secondaires, un grand classique du jeu de r�le, n'ont rien � envier � la trame principale du jeu.



Vari�es, ces aventures annexes ne sont pas obligatoires, mais elles ne sont cependant pas l� que pour faire joli et remplir notre journal de qu�tes. Elles permettent d'en savoir plus sur le monde de Temeria, d'apprendre les secrets de tel personnage et de conna�tre les points faibles des cr�atures... La richesse de l'oeuvre de Sapkowski transpara�t et il ne faut pas plus de cinq minutes pour se rendre compte que l'amateur d'univers complexes aura de quoi faire. De mani�re plus classique, ces qu�tes annexes sont �galement l� pour rendre notre Geralt plus costaud. � la mani�re des traditionnels jeux de r�le, notre avatar progresse effectivement en fonction de l'exp�rience qu'il accumule et cette exp�rience, c'est en faisant passer les � vilains-pas-beaux � de vie � tr�pas qu'on la r�cup�re.

Perfectible, l'interface p�che au niveau de l'inventaire, mais donne acc�s � d'innombrables informations sur l'univers du jeu
En d�but de partie, l'exp�rience prend � chaque niveau la forme de talents de bronze � r�partir sur la fiche de personnage. Il est possible de les attribuer � des comp�tences aussi classiques que la force, l'intelligence ou la dext�rit�, mais nous avons �galement des aptitudes plus sp�cifiques qui permettent d'obtenir de meilleures chances de parade, de plus importants saignements chez l'ennemi ou des boules de feu plus puissantes. Cet aspect est sans doute le plus traditionnel, mais les d�veloppeurs ont tout de m�me pens� � varier les comp�tences et dans les niveaux sup�rieurs, il faut faire avec des talents d'argent puis d'or, en quantit� largement insuffisante par rapport aux aptitudes disponibles.

La progression de Geralt se fait donc en douceur afin que le joueur ait le temps d'assimiler ses nouvelles possibilit�s. Autre �l�ment int�ressant, si les combos � l'�p�e ne sont pas plus complexes � r�aliser dans le temps, le joueur se rend bien compte des cons�quences des nouvelles aptitudes puisque les animations et le rythme des encha�nements changent. Nous n'avons aucune id�e du niveau maximal auquel peut pr�tendre Geralt � la fin de l'aventure, mais une chose est sure : celle-ci est particuli�rement longue. CDProjekt a parl� d'une bonne trentaine d'heures pour terminer la trame principale et il ne semble pas loin du compte. Il ne faut pas non plus oublier toutes les qu�tes secondaires qui peuvent sans doute doubler cette excellente dur�e de vie.

Vari�t� des qu�tes, profondeur du sc�nario, h�ros moins chevaleresque que de coutume et dur�e de vie excellente, The Witcher semble r�ussir le parcours sans faute. En r�alit�, quelques probl�mes plus ou moins g�nants viennent se greffer aux l�gers soucis d�j� mentionn�s. Il nous faut tout d'abord parler des plantages, certes pas si nombreux, mais suffisamment rageants pour ne pas �tre pass�s sous silence : malgr� une premi�re mise � jour, The Witcher a encore tendance � retourner au bureau de Windows et le plus souvent quand la derni�re sauvegarde date de trois ou quatre heures ! On regrettera aussi d'�tranges limitations comme l'impossibilit� de sauter ou de se laisser tomber, ce qui nous oblige � quelques d�tours fort malvenus.

Pas grand-chose � redire sur la qualit� graphique du jeu, malgr� quelques bugs encore � corriger
Plus g�nants, car beaucoup plus fr�quents, les chargements constituent sans doute le point le plus p�nible de l'aventure. Il faut dire que du fait des nombreuses qu�tes, le joueur est amen� � changer de lieu assez fr�quemment et la moindre entr�e / sortie d'un b�timent est le pr�texte � un chargement, court pour l'entr�e, relativement long pour la sortie. Reconnaissons �galement que le sc�nario a ses limites et que pour nous proposer des encha�nements int�ressants, les d�veloppeurs se sont laiss�s aller � quelques raccourcis : chacun des chapitres a lieu dans un d�cor donn� et g�n�ralement un pr�texte un peu l�ger nous emp�che d'en sortir (besoin d'un sauf-conduit, quarantaine). La libert� du joueur en prend encore un coup, m�me si ce n'est finalement pas bien g�nant.

Quelques bugs sont enfin � signaler. Lors des combats, des cr�atures se t�l�portent et la gestion des collisions surprend. Cela dit, les cr�ateurs semblent impliqu�s dans leur projet et r�actifs. Le fait qu'ils envisagent d�j� extension et suite est de bon augure : ils auront s�rement � coeur de contenter la communaut�. Enfin, terminons avec la r�alisation. The Witcher exploite le moteur [logiciel:131152 Aurora] de Neverwinter Nights, mais CDProjekt est parvenu � imposer son style. Un style qui ne plaira pas � tout le monde, mais qui a su nous s�duire, malgr� des animations un peu fig�es. Les environnements sont splendides et la profondeur de champ joliment simul�e. Du c�t� d'Atari on a assez bien fait les choses : m�me si la version fran�aise (voix et textes) n'est pas parfaite, elle reste tr�s correct et ne g�che pas le sc�nario. Question configuration, The Witcher paye sa beaut� graphique : il semble raisonnable de tabler sur un processeur � 3 GHz �paul� par 2 Go de m�moire et une carte graphique 256 Mo de type 7800GT.





Malgr� d'indiscutables lacunes et quelques inexplicables loup�s, The Witcher est un vrai, un bon et un grand jeu d'aventure / r�le. Certes, le sc�nario est extr�mement cloisonn� et la libert� d'action n'est pas aussi importante que promise. Certes �galement, le syst�me de combat, en d�pit d'une certaine originalit�, est un peu r�p�titif. Mais qu'il est bon de remuer la fange de ce monde � la fois moderne et chaotique. Qu'il est bon d'�voluer dans un univers cr�dible, violent et sans piti�. Aussi cynique que pragmatique, Geralt ne r�pond pas vraiment aux canons du h�ros de jeu vid�o, mais chose rare, ses d�cisions sont aussi les n�tres. Nous avan�ons avec lui comme avec bien peu d'autres et le syst�me de cons�quences � long terme fonctionne � merveille. Quelques imperfections techniques viennent ternir un peu le tableau : nous devons notamment souligner des chargements aussi longs que fr�quents et un syst�me de contr�le un peu particulier (pas de sauts) qui nous pousse � certains d�tours assez incroyables. Qu'importent ces d�fauts, beau, long et passionnant, The Witcher est une vraie r�ussite et CDProjekt un d�veloppeur � suivre de pr�s.



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