Test Mass Effect 3 (PC) : 9/10 sur JeuxVideo.fr

Le premier Mass Effect proposait une plong�e dans son foisonnant univers futuriste ; dans sa suite focalis�e sur les personnages secondaires, la voix lact�e devenait le th��tre d'un drame choral sur fond de guerre contre les Moissonneurs. Mass Effect 3 propose la conclusion de cette �pop�e galactique : on avait quitt� nos h�ros sur une victoire de courte dur�e, suivie par une attaque de la Terre ; un funeste augure que le d�veloppeur, Bioware, fait fructifier de belle mani�re. En exploitant l'investissement �motionnel induit par les �pisodes pr�c�dents, Mass Effect 3 donne � son spectacle de fin de monde une r�sonance intime, celle d'un drame humain aussi ludique qu'�mouvant.

D�s l'entame men�e arme au poing sur les hauteurs d'une ville terrienne assi�g�e, Mass Effect 3 plonge dans le grand bain de l'action. Reprenant rigoureusement les m�caniques du deuxi�me �pisode, elles-m�me inspir�es des fusillades en couverture de Gears of War, les s�quences de shoot sont imm�diatement confortables ; elles semblent m�me s'�tre bonifi�es au passage, gr�ce � une I.A. plus agressive et aux progr�s d'un level design plus ouvert et plus riche en options de jeu.

Impr�visibles, les ennemis tirent meilleur parti du d�cor, dont les nombreuses ouvertures favorise les d�bordements : autant de facteurs qui spatialisent l'action avec brio. Si la combinaison des pouvoirs et des armes se r�v�le d'une grande aide tout en assurant la fluidit� de l'action, on aura plus souvent recours au placement des �quipiers pour juguler les flots ennemis, piment�s pour l'occasion de quelques nouveaux monstres redoutables. Ces s�quences de shoot sont clairement les plus r�ussies et les plus piquantes de la s�rie malgr� quelques soucis familiers - alli�s bloqu�s dans le d�cor, couverture disfonctionnelle - toujours pas corrig�s ici.

Comme dans le pr�c�dent �pisode, la caution � jeu-de-r�le ï¿½ est maigre, principalement pourvue par un principe de gain d'exp�rience et de mont�e en niveau. Les points de capacit� ainsi gagn�s doivent ensuite �tre r�partis dans un � arbre des talents ï¿½ simple d'acc�s, qui permet d'am�liorer les pouvoirs biotiques et les statistiques (attaque, r�sistance, etc...) - un moyen classique mais efficace de fa�onner son style de jeu, que l'on m�tissera avec l'un des cinq types d'armes propos�s, du sniper au fusil � pompe, en passant par le fusil d'assaut.

Point cl� de la s�rie Mass Effect, les qu�tes secondaires de ce troisi�me �pisode ne sont certes pas toutes passionnantes. Une bonne partie d'entre missionnent sur les r�coltes du cru : elles commencent � la Citadelle, au hasard de rencontres avec les PNJ puis se r�solvent au gr� des voyages en vaisseau spatial. En sondant les syst�mes solaires, on d�nichera des plan�tes recelant les objectifs de qu�tes - personnages, informations et reliques. Cependant, � trop utiliser la sonde dans un m�me syst�me, on risquera d'alerter les Moissonneurs qui feront irruption sur la map et prendront le joueur en chasse : un principe de pression qui n'accouche finalement que de s�quences sommaires sans grand int�r�t ludique.

Heureusement, les qu�tes secondaires sc�naris�es ont une toute autre consistance. Du terrifiant monast�re Asari � l'Acad�mie d'apprenti biotiques assailli par l'organisation Cerberus, elles �toffent l'intrigue d'autant de pistes narratives secondaires, petits �pisodes autonomes rappelant le meilleur DLC de Mass Effect 2 - les Courtiers de l'Ombre. Apr�s chaque mission, la Citadelle sera un point de chute tout indiqu�, malheureusement r�duit � cinq petits quartiers : la progression ne se livre qu'en �clats denses, au service exclusif de l'intrigue ou de l'action, et ne laisse gu�re de place � l'exploration. Entre les phases ludiques en effet , les occasions de ballade libre sont rares, presque totalement escamot�es par un nouveau syst�me de carte qui pr�m�che la recherche des objectifs de qu�tes. Plus question de varier les rythmes, entre action et fl�nerie : le monde de Mass Effect 3 n'est pas un monde que l'on peut prendre le temps d'habiter.

Des s�quences d'action aux qu�tes secondaires, les �l�ments p�riph�riques � l'intrigue racontent tous la menace des Moissonneurs : les citoyens de la Citadelle pleurent leurs morts devant un monument comm�moratif, les militaires confient leur peur � l'approche d'une mission, le d�sespoir ambiant est palpable. Pour soutenir ce sentiment de cr�puscule de l'histoire, la direction artistique prend un virage funeste assez magnifique, striant la froideur de ses tableaux de touches de couleurs chaudes. La lumi�re coupante d'un soleil couchant, le doux orang� de l'armure de Shepard ou des terminaux du Normandy sont autant de survivances chaleureuses dans l'atmosph�re mortif�re de ruines m�talliques, de cendres et de poussi�res.

Dommage que la technique ne suive pas toujours sur les versions console, dont le framerate descend notablement lors des sc�nes les plus charg�es - surtout sur PS3. Convaincante par ailleurs, la r�alisation aligne textures fines des visages, effets d'eau r�ussis et animations globalement soign�es - � l'exception des animations faciales, dont la rigidit� commence � se faire sentir. Les joueurs PC tiqueront peut-�tre aussi sur le peu d'am�liorations du moteur graphique et des textures, des tares d'autant plus visibles sur des r�solutions plus grandes. En contrepartie, le titre tournera sur la m�me configuration minimum que l'�pisode pr�c�dent (Processeur 1,8 GHz, 2 Go de RAM, Carte graphique 256 Mo) - bien qu'une meilleure machine soit souhaitable. Au rayon des dol�ances techniques, citons pour finir l'obligation d'�tre connect� � internet pour lancer le DLC ; une contrainte dont le jeu aurait d� se passer.

Si les qu�tes secondaires sont le terreau de sa richesse narrative et l'action le vecteur de son rythme, Mass Effect 3 ne r�alise vraiment son projet que par son syst�me de dialogue � choix multiples, qui rend le joueur co-responsable de l'intrigue. Cette id�e fixe de BioWare, constitutive de sa patte, trouve dans cet �pisode conclusif une forme d'accomplissement : sous l'impulsion des choix du joueur, la narration multiplie les embranchements, construisant un r�cit modulaire plus fluide et organique que jamais.

Derri�re cette performance technique, le syst�me offre surtout au joueur d'endosser son r�le de h�ros d'une fa�on nouvelle, presque in�dite : on ne s'illustre plus tant par son aptitude au shoot que par le courage de ses choix - sauver telle personne plut�t que telle autre, sacrifier telle race au profit d'une autre. Selon l'effet boule de neige, les liens personnels tiss�s lors des pr�c�dents �pisodes s'agr�gent en un v�ritable champs de mine affectif, qui rend les d�cisions aussi dures � prendre que lourdes de cons�quences.

C'est d'ailleurs l'une des plus belles r�ussites du titre : chaque choix � l'�chelle du conflit galactique aura son revers au niveau intime. Il arrive qu'une sc�ne d'action monte en puissance, mette en sc�ne un affrontement dantesque, parfois un drame foudroyant pour s'acheminer non vers un boss mais vers une discussion pendant lesquelles les personnages se r�approprient l'�v�nement. Galvanis�s par leur r�ussite ou an�antis par le drame, ils accompagnent et prolongent l'�motion du joueur, investissant le grand spectacle de son enjeu tragique. Soulignons d'ailleurs l'excellence du doublage (surtout en V.O.), qui contribue � l'intensit� dramatique des dialogues.

Au del� de ces enjeux narratifs imm�diats, la suite et fin du conflit contre Cerberus propose une conclusion passionnante � l'intrigue g�n�rale. On d�couvre les motivations de son myst�rieux boss, l'Homme Trouble, qui ouvrent des perspectives � l'aune desquelles la s�rie se redouble d'un sens nouveau. Sans rien vous spoiler de la derni�re heure de jeu, disons juste qu'elle est � la hauteur des attentes : les visions d'apocalypses s'y succ�dent dans une mont�e en puissance in�luctable, au terme d'une aventure qui d�passe all�grement les vingt heures de jeu. Pour finir sur l'importation de sauvegarde - fonctionnalit� qui permet de tenir compte des choix effectu�s pr�c�demment - nombre de joueurs sur console rencontreraient encore des probl�mes et n'arriveraient pas � importer la t�te de leur Shepard ; m�me si nous ne l'avons pas rencontr�, il serait souhaitable qu'un correctif r�gle le probl�me � jamais. Quant aux nouveaux venus, on les invite � commencer la s�rie par son d�but s'ils veulent profiter pleinement de cet �pisode conclusif.

Portage soign� sur Wii URetour au sommaire

De tous les portages Wii U du line-up de lancement, Mass Effect 3 est peut-�tre celui qui s'en sort le mieux. Loin d'�tre impraticable au GamePad, son gameplay de TPS y trouve vite ses marques, profitant de contr�les habilement r�partis entre touches classiques et contr�le tactile sur l'�cran de la tablette. Sans surprise, l'essentiel de l'action est assign� aux boutons et g�chettes - L,R et X pour les pouvoirs bioniques, g�chettes basses pour la vis�e et le tir. Souvent critiqu� pour son placement incommode - en haut � droite de la tablette - , le stick analogique droit pour la vis�e ne procure, pour une fois, aucune g�ne majeure et permet d'�voluer en combat avec confort et ma�trise.



L'�cran de la tablette est �galement mis � profit, accueillant juste ce qu'il faut de contr�le tactile pour s'av�rer utile sans �tre intrusif. On y retrouve d'abord la carte du niveau parcouru, o� le les ennemis sont figur�s par des point rouges mouvants. Nouveaut� modeste mais bienvenue, il est d�sormais possible de d�placer ses �quipiers sur la carte en faisant glisser leur ic�ne � l'emplacement voulu, au doigt ou au stylet - une option strat�gique appr�ciable pour g�rer les affrontements les plus tendus de fa�on r�active.

Autre usage int�ressant de l'�cran du Gamepad : les raccourcis tactiles des pouvoirs bioniques y sont affich�s en permanence - sur les c�t�s gauches et droits - pour un usage � la vol�e. Si cette man�uvre oblige � quitter l'�cran de t�l� des yeux, elle se r�v�le �tonnamment pratique pour utiliser ses pouvoirs, le gameplay en couverture permettant de poser l'action le temps d'un coup d'oeil sur la tablette.

Si elle n'�chappe pas aux ralentissements qui semblent toucher tous les portages sur Wii U - on les retrouve ici lors des fusillades les plus charg�es -, cette nouvelle version limite globalement les mauvaises surprises. Visuellement proche des autres versions, Mass Effect 3 conserve heureusement son impact spectaculaire et ses qualit�s esth�tiques. Bascul� sur le seul �cran du GamePad - par pression maintenue sur la touche "moins" -, le jeu profite en outre d'une r�solution flatteuse, tout en restant praticable. A noter : cette version estampill�e Edition Sp�ciale int�gre d'office les DLC � Fin �tendue ï¿½ et � Surgi des cendres ï¿½, ainsi que la B.D. Genesis en guise d'introduction interactive, r�capitulant les �v�nements des �pisodes pr�c�dents : autant de raisons suppl�mentaires de conseiller ce portage d'un classique qui s'illustre sans mal comme l'un des plus soign�s et recommandables du line-up de lancement de la WII U.

Port� par son syst�me de dialogue, Mass Effect 3 est sans conteste l'�pisode le plus sombre et le plus �mouvant de la s�rie. Saisissantes par leur ampleur, ses sc�nes de bataille se redoublent toujours d'une dimension intime qui peut, � chaque instant, virer au tragique et prendre le joueur tripes. Drame humain et s�quences � grand spectacle avancent ainsi main dans la main, dans une aventure que le joueur s'approprie par ses choix. On pourra regretter que l'exploration soit r�duite � une peau de chagrin ; c'est le plus gros revers d'une narration interactive qui se livre en �clats sombres et denses, convergeant vers un final poignant.

Test r�alis� sur une machine � base de Core i7 2 GHz, 6 Go de m�moire vive et Radeon HD6990.