Test Doom 3 (PC) : 8/10 sur JeuxVideo.fr

Depuis 1993 et la sortie de Doom premier du nom, id Software en aura parcouru du chemin. Ce qui n'�tait qu'un petit d�veloppeur bien tranquille s'est mu� en acteur majeur du loisir PC. Chaque titre et surtout chaque moteur graphique portant les c�l�bres lettres "id" est attendu comme le Messie. Il faut dire que Doom avait �t� une petite r�volution alors que l'immense majorit� des jeux proposaient encore un d�placement "case par case" du personnage. Plus encore que Castle Wolfenstein, Doom imposait son ambiance, son style et instaura finalement un genre � part enti�re, le fps.

Apr�s quelques interm�des "Quake", la boucle est pour ainsi dire boucl�e pour id Software. Il aura fallu attendre un peu plus de dix ans et surtout quatre longues ann�es de d�veloppement pour le voir arriver, mais John Carmack et son �quipe sont parvenus � leurs fins et le r�sultat de leur travail est � quelques centim�tres de mes doigts f�briles. N�gligemment d�pos� sur mon bureau entre deux cannettes de Coca, trois Cartes Graphiques et un Gollum �chapp� du Seigneur Des Anneaux, Doom 3 est l� ! Sorti le 3 ao�t dernier aux Etats-Unis, le titre distribu� par Activision ne sera disponible que vendredi chez les revendeurs fran�ais. Alors pour meubler ces quelques heures, voici ce que nous en avons pens�.

S'il n'est pas du go�t de tous, un jeu de mots foireux comme celui que je viens de faire (NDLR : c'est beau de le reconna�tre !) permet d'�viter les platitudes qui d�butent g�n�ralement un test. En outre, dans le cas pr�sent, il me permet �galement (NDLR : et fort subtilement !) d'introduire la m�diocrit� du sc�nario qui sert de pr�texte � Doom 3 : on reste tr�s loin du Seigneur Des Anneaux ! Clin d��il �vident au Doom originel, l'histoire de ce nouvel opus se d�roule sur Mars. Nous y incarnons un simple marine tout juste d�barqu� pour une mission de routine sur une base de la Plan�te Rouge. S'il conserve le contexte g�ographique de la s�rie, ce d�but de partie est tout de m�me un peu surprenant tant il fait penser � une autre r�f�rence du FPS, une r�f�rence dont on devrait bient�t voir d�bouler la suite : je veux bien s�r parler de Half-Life. Comme dans le jeu de Valve, nous passons les premi�res minutes � arpenter les couloirs d'un complexe scientifique. Comme dans le jeu de Valve, on parle � diff�rentes personnes en attendant de recevoir notre "ordre de mission". Mais surtout, comme dans le jeu de Valve, une exp�rience un peu particuli�re va foutre un boxon pas possible dans le complexe et transformer une b�te mission de routine en v�ritable parcours du combattant...

Alors que notre h�ros regarde les �crans d'un quelconque centre de contr�le en compagnie d'un chercheur, la salle s'obscurcit, les moniteurs se d�traquent et une dr�le de voix se fait entendre dans toute la pi�ce. Le chercheur perd instantan�ment le peu de sang froid dont il disposait et le lieu se retrouve ensuite baign� par une intense lumi�re jaune au moment m�me o� une t�te se met � parcourir la pi�ce au niveau du plafond. Tout juste le temps de reprendre ses esprits et de comprendre ce qu'il se passe que ledit chercheur se m�tamorphose en une esp�ce de zombie heureusement relativement fragile : deux-trois balles bien ajust�es suffisent � l'envoyer d�finitivement ad patres. La tension monte d'un cran, les lumi�res clignotent dans tous les sens, les alarmes continuent de rugir et une "voix off" �nonce de fort belle mani�re les proc�dures d'�vacuation... Pour ceux qui en doutaient encore, la partie est bel et bien commenc�e ! Si les quelques minutes de ce que l'on peut appeler une "introduction" faisaient immanquablement penser � Half-Life, nous avons maintenant quitt� Valve pour rejoindre la constellation id Software... La partie est de suite nettement plus proche du bon gros Doom "qui t�che" et l'h�moglobine s'appr�te � couler � flots m�me si Carmack et ses copains ont un peu modifi� le concept originel afin de le plier aux exigences du FPS "moderne".

Les choses semblaient plut�t bien commencer, mais c'est rapidement devenu la cata !
Je n'ai h�las aucune r�ponse � cette question qui ne manquera pas d'angoisser le joueur de Doom 3. Je n'ai d'ailleurs pas plus de r�ponse � donner en ce qui concerne l'autre question existentielle du "doomeux" de base, le pourquoi du comment du ruban adh�sif, mais laissez-moi d'abord vous expliquer un peu plus les choses. Doom premier du nom misait � fond sur le c�t� bourrin de son gameplay : le joueur poss�dait de nombreuses armes et il devait simplement faire un v�ritable carton sur les ennemis qui ne manquaient pas de lui mener la vie dure. L'essentiel du jeu reposait sur le fait que les monstres en question surgissaient de partout en m�me temps et qu'il fallait toujours �tre sur ses gardes. H�las les moyens techniques n'�tant pas les m�mes qu'aujourd'hui, il n'y avait que l'effet de surprise pour cr�er une certaine tension. Avec Doom 3, id Software a pu aller beaucoup plus loin et les petits gars ne s'en sont visiblement pas priv�. C'est ainsi que la majeure partie des installations du jeu se trouvent, sinon dans l'obscurit� la plus compl�te, dans une p�nombre pour le moins stressante o� les jeux de lumi�res sont l�gions. Pour y faire, notre vaillant marine est �videmment �quip� et ce d�s le d�but de l�aventure, d�une lampe-torche mais, chose �trange, il se trouve absolument incapable de tenir une arme en m�me temps ou bien de trouver un b�te rouleau de scotch pour la fixer au canon du fusil � pompe par exemple.

On se retrouve donc � devoir constamment alterner entre "lampe-torche pour y voir quelque chose" et "grosse p�toire pour �parpiller le quelque chose qu'on vient de voir". Ce sch�ma fort simpliste pourrait d'ailleurs tr�s bien r�sumer l'essentiel de l'action de Doom 3, tant le concept du jeu ne repose finalement pas sur l'aventure en elle-m�me mais beaucoup plus sur l'ambiance reproduite, sur l'oppression ou la tension ressenties par le joueur. Les esprits chagrins pesteront contre cette b�tise qui veut que le h�ros ne soit pas foutu de fixer sa lampe quelque part, mais il faut bien admettre que de cette hypoth�se un peu saugrenue, les d�veloppeurs ont fait un petit bijou de stress. � chaque nouveau lieu, on se surprend � jouer de la lampe-torche dans toutes les directions afin de mettre en lumi�re le moindre mouvement suspect. Une nouvelle salle est bien s�r l'endroit r�v� pour une embuscade mais les monstres attaquent �galement dans les couloirs et on passe donc son temps le doigt sur le bouton switch du clavier afin de remplacer le plus vite possible cette lampe-torche particuli�rement inoffensive par un fusil � pompe, un fusil � plasma ou un bon vieux lance-roquettes autrement plus dissuasifs !

Par endroits, l'obscurit� est totale, mais le plasma fait une jolie lumi�re, non ?
Au c�ur du jeu, ce stress omnipr�sent est encore renforc� par la "gestion" des monstres. Alors que l'on pourrait sans trop se forcer rapprocher Doom premier du nom des plus r�cents Serious sam ou Painkiller, Doom 3 ne prend pas tout � fait le m�me chemin. Afin d'instiller au mieux cette tension dans nos petites t�tes, Carmack et sa bande ont en effet pris le parti du "moins de monstres / plus de balaises". On reste donc tr�s loin de la pl�thore d'adversaires des autres productions et on se rapproche finalement beaucoup plus du rythme d'un Far Cry m�me si bien s�r l'action n'a absolument rien � voir. Les monstres rencontr�s dans Doom 3 sont plus r�sistants que la moyenne et nous attaquent tr�s souvent par surprise, profitant d'une cache dans un recoin d'une pi�ce ou bien d'une grille sur le sol ou le plafond. Pour faire bonne mesure et permettre de jouer avec la tron�onneuse, on retrouve heureusement quelques membres de la classe "chair � canon" comme les diff�rents zombies ("maigrichon", "gras double" et "t�te en l'air" pour leurs petits noms respectifs), mais la grande majorit� des cr�atures rencontr�es appartient plut�t � la cat�gorie "poids lourds". C'est ainsi que certaines des bestioles les plus horribles du jeu vid�o sont de la partie : cela va de l'affreux pas beau qui marche au plafond et vous tombe dessus sans pr�venir, � l'esp�ce de chien/taureau dot� d'un arri�re train m�canique et qui fonce sur vous sans crier gare.

Certains se plaindront sans doute du faible nombre de cr�atures diff�rentes mais je dois dire que cela ne m'a en fait pas vraiment g�n�. Je n'ai pas compt� les b�b�tes que l'on croise mais aux quelques unes d�j� cit�es on peut encore ajouter de petites araign�es teigneuses comme tout, des squelettes arm�s de lance-roquettes, de gros lourdauds � la puissance de feu d�vastatrice, des fou-furieux �quip�s de "fouet", d'autres arm�s de mitrailleuses lourdes ou encore des ch�rubins �quip�s d'ailes dans le dos et j'en oublie ! Ce n'est certes pas l'avalanche mais cela m'a sembl� bien suffisant. Les vieux de la vieille auront d'ailleurs la joie de retrouver l'essentiel des monstres du jeu originel singuli�rement relook�s pour l'occasion ! Certains y verront un manque d'imagination de la part d'id Software je pr�f�re y voir un sympathique clin d��il d'autant que le travail sur ces cr�atures est bien r�el. De la m�me mani�re, id Software s'est largement inspir� des pr�c�dents Doom pour concocter l'arsenal � disposition des joueurs. On retrouve ainsi ce bon vieux fusil � pompe et franchement rien que pour �a Doom 3 m�rite que l'on s'int�resse � lui tant son utilisation est jubilatoire ! A c�t� de cette arme mythique, on dispose d'un pistolet, d'un lance-roquettes, d'un mini-canon, d'un fusil � plasma, d'une tron�onneuse et du... BFG 9000... Je vois d�j� la petite lumi�re dans les yeux des initi�s aussi, je n'en dirais pas plus.

BFG 9000 : une arme, des munitions, mais surtout... Une efficacit� redoutable !
Tout le gameplay de Doom 3 repose donc sur ce sentiment de malaise, sur cette angoisse perp�tuelle du joueur remarquablement rendue par des d�veloppeurs tr�s en forme. Le relatif manque de vari�t� / originalit� des niveaux, des actions, des monstres ou bien encore des armes pourra �videmment en g�ner plus d'un mais il n'�tait pas question pour id Software de pousser encore un peu plus loin la surench�re. Il n'a jamais �t� question de faire avec Doom 3 un successeur � Half-Life ou � Far Cry mais bien davantage de "produire de l�angoisse". On pourrait presque dire que Doom 3 est � la crois�e des chemins entre le FPS classique et le "survival horror" � la Resident Evil. Bien que ce dernier genre ne soit pas vraiment ma tasse de th�, il me faut bien reconna�tre le talent des d�veloppeurs d'id Software. John Carmack et ses complices ont en effet r�ussi � prendre le meilleur de ce style pour l'adapter au FPS que nous connaissons si bien. Le r�sultat est impressionnant et si on ne peut pas parler v�ritablement de peur (encore que), le malaise et l'angoisse sont bien l�. A titre de comparaison, on pourrait rapprocher les sentiments ressentis en jouant � Doom 3 des sensations �prouv�es pendant les passages en int�rieurs de Far Cry... Ensuite tout est affaire de go�t !

La comparaison avec Far Cry est importante dans la mesure o� depuis la sortie du hit d'UbiSoft tout le monde attendait Doom 3 (et bient�t Half-Life 2) au "tournant". Il faut dire que Crytek a frapp� tr�s fort avec un moteur splendide capable de g�rer une profondeur remarquable compte tenu du niveau de d�tails pr�serv�. Vous vous en doutez s�rement d�j�, Doom 3 ne joue pas tout � fait dans la m�me cat�gorie du fait m�me du parti pris des d�veloppeurs : l'ensemble de l'aventure se d�roule dans une base. Les couloirs sont �videmment tr�s �troits et m�me les plus grandes salles ne peuvent rivaliser avec les ext�rieurs gigantesques de Far Cry. Pour autant, Doom 3 soutient parfaitement la comparaison et tout en �tant assez diff�rent, il est au moins aussi beau que son concurrent. Le niveau de d�tail des installations est encore plus �lev� que dans Far Cry et si certains regretteront des textures parfois franchement "limite" (gros plan sur les distributeurs: beuark !), les monstres sont tout simplement stup�fiants de r�alisme. On ne parlera pas trop des zombies, tr�s classiques, pour se concentrer sur tous les autres b�b�s. Qu'ils soient � l'arr�t ou en mouvement, de loin ou suffisamment pr�s pour que vous puissiez humer leur f�tide haleine, le niveau de d�tail, la pr�cision des animations est impressionnant. On dit toujours que la r�alisation ne fait pas un jeu et je suis le premier � d�fendre cette id�e mais dans le cas de Doom 3, il est tout de m�me bien difficile de faire abstraction de la technique tant il �tait attendu sur ce point l�.

Quelques exemples des "vilains pas beaux" que l'on peut rencontrer au cours du jeu, mais il en manque �videmment beaucoup d'autres
Il faut en outre bien avouer que rien ne semble ici accessoire, la r�alisation venant appuyer chacun des choix de gameplay. Il est d'ailleurs tout � fait possible que le moteur graphique soit capable de beaucoup d�autres choses tant Doom 3 semble "cibl�". Certains joueurs ne manqueront d'ailleurs pas de critiquer ces choix, regrettant ici l'absence d'ext�rieurs, l� des textures parfois tr�s moyennes ou bien encore ici des niveaux par trop lin�aires... et ils auront raison ! Doom 3 est lin�aire, Doom 3 est script�, mais comment aurait-il p�t en �tre autrement ? Comment angoisser les joueurs avec des d�cors paradisiaques comme ceux de Far Cry ? Comment surprendre les joueurs dans des d�cors aussi exigus sans exploiter les scripts ? Comment enfin s'assurer que l'ensemble fonctionne parfaitement si les joueurs sont libres de leurs mouvements ? Il faut donc, pour "entrer" dans le jeu, accepter le parti-pris des d�veloppeurs et se laisser "porter" par le climat exquis�ment inconfortable de Doom 3. A c�t� de ces d�fauts parfaitement logiques compte tenu des objectifs d'id Software, on regrettera tout de m�me que la configuration n�cessaire pour faire tourner Doom 3 soit aussi impressionnante. Il faut tout d'abord savoir que le moteur du jeu semble comme de coutume chez id �tre nettement plus � l'aise sur du mat�riel NVIDIA.

Sachez par exemple que mon Pentium 4 3.5 GHz �quip� d'une Radeon 9800 Pro et d'un gigaoctet de m�moire �tait un peu trop juste pour jouer de mani�re fluide en 1024x768 tout d�tails au maximum ! A contrario, un "simple" Athlon 2400+, 512 Mo de m�moire et une GeForce 4 Ti4200 s'en tirent parfaitement en 800x600, d�tails "�lev�s". Compte tenu de la qualit� graphique, des lumi�res dynamiques, du bump-mapping "tout partout", de la multitude des d�tails et des animations splendides, la lourdeur g�n�rale du jeu n'est pas vraiment �tonnante, ce qui l'est davantage c'est cette diff�rence entre ATI et NVIDIA. Sur du mat�riel ATI, Doom 3 est ainsi nettement plus lourd que Far Cry alors que sur NVIDIA il est � peu pr�s au m�me niveau. Petite d�ception donc, mais rien � voir avec le mode multi-joueurs qui ne m'a absolument pas convaincu, il est peut-�tre un peu t�t pour conclure d�finitivement sur ce point mais limit� � quatre joueurs et sans aucune innovation (quatre modes de jeu vus et revus), il ne semble pas devoir faire parler de lui � moins que les "moddeurs" ne nous r�servent quelques surprises ! Sachez pour finir que gr�ce � Monsieur Activision qui semble faire bien peu de cas de Clubic, nous avons �t� dans l'obligation d'acheter Doom 3 et pour vous proposer ce test "� temps", il s'agissait bien s�r d'une version am�ricaine. En France, le jeu est enti�rement localis�, mais impossible de vous dire si le travail est correctement r�alis�.

En guise de conclusion, je ne r�siste pas au plaisir de vous pr�senter ma version de Massacre � La Tron�onneuse
Quatre ann�es auront �t� n�cessaires � son d�veloppement. Quatre longues ann�es pendant lesquelles nous n'avons pu qu'entrevoir son potentiel, mais dans une grosse poign�e d'heures Doom 3 sera enfin disponible en France et vous pourrez � votre tour d�couvrir cette base spatiale en pleine d�liquescence. A vous l'exploration, la peur au ventre, de d�dales � moiti� en ruine peupl�s de cr�atures moins fr�quentables les unes que les autres. A vous les jeux de lumi�res angoissants et les cris d�chirants se rapprochant petit � petit de votre petit gars tandis que l'ascenseur tarde � venir. A vous les mont�es d'adr�naline alors qu'un rampant se glisse discr�tement dans votre dos ou que la plus improbable des cr�atures pulv�rise portes et grilles pour foncer sur vous... A vous tout cela et bien plus encore � condition bien s�r de ne pas vous tromper de jeu et de ne pas prendre Doom 3 pour ce qu'il n'est pas. Id Software a ici pour objectif de nous faire trembler, de rendre au mieux l'angoissante ambiance d'une base tout droit sortie d'Alien.

Doom 3 ne se destine donc pas � tous les joueurs. Il risque � n'en pas douter de d�cevoir les amateurs de Half-Life / Far Cry par son c�t� aventure / exploration pour le moins limit� mais il risque aussi de d�cevoir les aficionados de Serious Sam / Painkiller dont il ne reprend pas exactement l'aspect jouissivement "bourrin". Heureusement pour ce tr�s bon jeu, il reste tous les autres ! Alors certes la configuration n�cessaire est trop �lev�e (surtout chez ATI) et le mode multi-joueurs d�pass� par la concurrence mais s'il ne s'agit sans doute pas de la r�volution attendue par certains, Doom 3 est un titre qui marque assur�ment le joueur. Une exp�rience vraiment captivante pourvu que justement on se laisse... captiver !

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