Test Divinity : Original Sin (PC) : 8/10 sur JeuxVideo.fr

Financ� au travers de Kickstarter et disponible depuis une semaine, Divinity : Original Sin est d�j� le succ�s le plus rapide de ses cr�ateurs, les Belges de Larian Studios. Il s'agit en fait du sixi�me opus de la franchise Divinity, lanc�e en 2002, et il permet une sorte de retour aux sources en nous offrant un pr�lude au titre fondateur, Divine Divinity. Pas question cette fois de verser dans le hack & slash ou d'ajouter une dimension strat�gique, Divinity : Original Sin s'inspire - entre autres - de Baldur's Gate pour nous convaincre.

Un peu old-school sur les bords, Divinity : Original Sin s'ouvre sur l'in�vitable phase de cr�ation de personnages. Au pluriel, car nous avons effectivement � imaginer deux h�ros qui constitueront le c�ur d'une �quipe autorisant un maximum de quatre aventuriers. Diff�rentes options cosm�tiques sont accessibles, mais on retient surtout la pr�sence de dix classes de personnages et la possibilit� de personnaliser compl�tement les caract�ristiques / talents de d�part pour aboutir � quelque chose de plus original : magicien de combat, enchanteur, gredin, chevalier, ranger, eccl�siastique... les choix ne manquent pas et, au final, il semble que l'important est surtout d'avoir un duo �quilibr�.

Cette phase termin�e, on peut d�buter l'aventure. Nos deux h�ros sont engag�s pour enqu�ter sur le meurtre d'un notable de la ville de Cyseal, un certain Jake. Logiquement, nous nous rendons donc sur les lieux du crime - la taverne du Crabe Royal - pour y d�couvrir la � boucherie ï¿½ : on ne peut pas dire que le meurtre ait �t� fait de mani�re chirurgicale ! Probl�me, alors que l'on d�cide de jeter un �il sur la tombe du d�funt, on se rend compte que le cadavre dans le cercueil est celui... d'un mouton. Forc�ment, il ne s'agit plus d'un � simple ï¿½ meurtre, et l'hypoth�se d'un complot prend forme. Nous n'en dirons cependant pas plus � ce niveau, vous laissant le choix d'aller interroger Esmeralda, l'inconsolable veuve.


Ces premi�res minutes pass�es dans Cyseal peuvent toutefois prendre des formes bien diff�rentes car ce qui frappe au premier coup d'�il, c'est l'immense libert� d'action qui est laiss�e au joueur. Bien s�r, de par ses limitations techniques, le gameplay du jeu ne permet pas toutes les fantaisies, mais � aucun moment le joueur n'est tenu par la main, n'est guid� de quelque mani�re que ce soit. Exclusivement textuel, le journal de qu�tes ne fait qu'enregistrer notre progression sans donner la moindre piste, sans afficher la moindre fl�che pour nous indiquer dans quelle direction aller. � nous d'aller discuter avec les habitants de la ville, de recueillir des indices pour recoller les morceaux du puzzle.

De fait, on ne manque pas d'activit�s dans Cyseal et on a t�t fait de se laisser d�border par les innombrables qu�tes annexes qu'il est possible de r�aliser. � notre entr�e dans la ville, on peut ainsi �tre recrut� pour �teindre un navire en feu, pr�ter main forte � l'interrogatoire muscl� d'un orque, s'engager aupr�s des Cinq Fantastiques, traiter avec divers marchands, partir � la recherche de tel ou tel disparu, j'en passe et des meilleures ! Le � probl�me ï¿½ dans Divinity : Original Sin est donc de ne pas se laisser submerger, d'autant que de nombreuses qu�tes impliquent de sortir de la ville : les dangers y sont particuli�rement nombreux pour deux jeunes aventuriers.

Il semble donc pr�f�rable de prendre son temps pour d�couvrir la ville, ses habitants et, par exemple, faire la rencontre des deux autres personnages susceptibles de compl�ter votre groupe : Jahan est magicien et Madora guerri�re... deux compagnons tout � fait valables pour bien d�buter. Par la suite, d'autres personnages peuvent �tre recrut�s, mais on ne peut jamais d�passer les quatre membres. Sachez qu'il est aussi possible de se passer de compagnon, mais cela ne pr�sente gu�re d'int�r�t. En effet, l'exp�rience n'est pas partag�e entre les diff�rents personnages (chacun gagne toujours la m�me chose, seul ou � plusieurs) et vous vous priveriez de nombreuses comp�tences : un seul h�ros ne peut pas tout faire.

Puisque nous �voquons la notion d'exp�rience, pr�cisons que l� aussi, Divinity : Original Sin fait dans le old-school en nous laissant libres de la progression des h�ros. � chaque passage de niveau, on gagne quelques points � r�partir comme bon nous semble. Comp�tences et sp�cialisations sont nombreuses aussi, en d�but de partie, on est un peu perdus et les choix ne sont pas toujours les plus judicieux. Rien de r�dhibitoire heureusement et m�me si les premiers combats ne sont pas �vidents, on apprend � ma�triser nos personnages ainsi qu'� compenser leurs imperfections au fur et � mesure des niveaux. On opte pour certaines �coles de magie, on optimise les comp�tences de combat et on en apprend un peu plus sur l'artisanat.

Parfaitement facultatif, l'artisanat est malgr� tout un �l�ment tr�s int�ressant de Divinity : Original Sin alors que l'on ramasse quantit� d'objets. Pourvu que l'on dispose des outils et des comp�tences n�cessaires, il est ainsi possible de transformer des �pis de bl� en farine puis en p�te, que l'on va garnir de tomates r�duites en sauce pour obtenir une pizza particuli�rement revitalisante. Du minerai de fer peut, lui, �tre fondu pour obtenir des lingots que l'on travaillera ensuite, pour former une masse que l'on pourra am�liorer en utilisant une meule. Les exemples ne manquent pas et les � recettes ï¿½ remplissent des dizaines de livres que l'on se fera un plaisir de collecter.

Petit regret, l'interface d'artisanat aurait m�rit� meilleur traitement : il n'est pas toujours tr�s pratique de faire glisser les diff�rents objets sur les outils (meule, fourneau...) que l'on trouve dans le d�cor. On peut aussi regretter le fait qu'il ne soit pas toujours �vident de s'y retrouver : l'interface ne permet pas de cat�goriser tr�s efficacement les choses alors que l'on compte plusieurs dizaines d'objets utiles � l'artisanat. Des objets que l'on r�cup�re en explorant tous les recoins du monde, en faisant - sans le moindre scrupule - les poches des personnages non-joueurs, mais aussi, bien s�r, en se livrant � d'innombrables combats : Divinity : Original Sin n'est pas un jeu de r�le pour rien.

C�t� combats donc, Larian Studios adopte un classique syst�me de tour par tour bas� sur une barre d'initiative. Toutes les cr�atures du jeu - h�ros compris - disposent d'une valeur d'initiative qui permet de les classer. � tour de r�le, tous les personnages vont d�penser leurs points d'action pour se d�placer, lancer un sort, utiliser un objet, porter un coup... Bien s�r, les actions n'ont pas toutes le m�me co�t et il est possible de � patienter ï¿½ afin de se retrouver plus tard sur la barre d'initiative : une astuce qui permettra par exemple d'utiliser la boule de feu de notre sorcier pour allumer la flaque d'huile d�pos�e par notre g�omancien !

Des astuces de ce type, les combats de Divinity : Original Sin en sont remplis et m�me s'ils peuvent para�tre un peu mous aux yeux des fans de Diablo 3, nous avons �t� conquis par la vari�t� offerte. Il faut �galement faire attention au � tir ami ï¿½ et � ne pas envoyer un �clair lorsqu'un de nos compagnons a les pieds dans l'eau ! Nous regretterons tout de m�me que l'intelligence artificielle semble incapable de � patienter ï¿½ et que les magiciens soient � ce point sup�rieurs aux autres personnages : une �quipe vers�e dans les multiples arcanes avancera beaucoup plus vite qu'un groupe de gros-bras... Un reproche toutefois bien l�ger au regard du plaisir que l'on ressent lorsque l'on se d�fait des diff�rents boss.

Le monde imagin� par Larian Studios s'�tale sur d'imposantes cartes que l'on peut arpenter � loisir sans jamais �tre contraint par quelque pirouette sc�naristique que ce soit. L'histoire �volue �videmment en fonction de nos propres progr�s et on rate parfois des qu�tes - secondaires - parce que nous avons d�cid� d'aller voir ailleurs. Cette impression d'un monde qui vit sans nous reste imparfaite, dans la mesure o� il ne semble, par exemple, pas possible d'attendre la nuit pour se livrer � quelques activit�s que la morale r�prouve. Dans le m�me ordre d'id�es, il para�t difficile d'utiliser certains membres du groupe pour faire diversion m�me si on peut les s�parer temporairement pour activer diff�rents m�canismes, par exemple.

Compte tenu de sa conception old-school, Divinity : Original Sin souffre d'une autre tare qu'il convient d'�voquer ici : les limites de sa localisation fran�aise. Celle-ci est amen�e � �voluer, mais quelques dialogues n'ont pas �t� traduits alors que d'autres sont tout juste compr�hensibles. Cette lacune que l'on va qualifier de technique est heureusement contrebalanc�e par l'excellence graphique et sonore du jeu. Quelques zones sont moins r�ussies, mais dans l'ensemble, les paysages sont magnifiques et la bande-son donne vie au monde sans jamais faire dans l'exc�s. Mention sp�ciale pour les voix (exclusivement en anglais) agr�ables et parfois m�me amusantes.

Enfin, impossible de terminer notre article sans souligner l'excellence du mode multijoueur imagin� par Larian Studios. Un mode qui vient en compl�ment du solo et qui permet de jouer - en local ou via Internet - � toute l'aventure en coop�ratif. Ainsi, deux des membres du groupe passent sous notre contr�le (les deux autres restent g�r�s par l'I.A.). La dimension tactique des combats profite alors des �changes entre les joueurs, m�me si nous ne sommes �videmment pas � l'abri de quelques m�morables engueulades ! Notez que solo et multi partagent le m�me sc�nario : choisissez donc bien lequel a votre pr�f�rence avant de commencer... d'autant qu'il faut compter sur au moins quarante heures de jeu pour qui explore un minimum et qu'un �diteur de niveaux est d�j� fournit par le studio.


� bien des �gards, Divinity : Original Sin nous est apparu comme l'aboutissement du travail r�alis� depuis douze ans par Larian Studios. Les plus pointilleux des joueurs lui reprocheront son interface un peu frustre, sa localisation perfectible ou son intelligence artificielle qui ne sait pas exploiter toutes les ressources du module de combat. Nous pr�f�rons retenir l'excellence d'un univers qui se vit plus qu'il ne s'explique, de qu�tes aussi nombreuses que vari�es et, en d�finitive, d'un jeu qui ne passe pas son temps � expliquer aux joueurs ce qu'ils doivent faire et comment le faire. Divinity : Original Sin fait honneur � ses innombrables r�f�rences et se place d'embl�e comme l'un des tout meilleurs jeux de r�le de ces derni�res ann�es.

Test PC r�alis� sur une machine � base de Core i7 4 GHz, 16 Go de m�moire vive et GeForce GTX 780 Ti. Le jeu semble � son aise � partir d'un processeur double-c�ur 3 GHz, �paul� par 4 Go de m�moire vive et une GeForce GTX560.