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Publiée le 13/07/2006 à 00:07, par matthl

Les grands noms du jeu PC : Peter Molyneux

Ce Sir anglais du jeu vidéo, dont les premiers cheveux blancs annoncent son approche de la cinquantaine, est non seulement l’inventeur des God’s Games, mais aussi l’un des créatifs et concepteurs de jeux vidéos les plus originaux de ces dernières décennies. Retour sur un parcours atypique et réussi.

Un parcours atypique et passionnantRetour au sommaire
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Populous
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Syndicate
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Theme Park
Né en 1959 au cœur de l’Angleterre, Peter Molyneux est de ceux qui ont grandi dans le monde des loisirs. Ses parents, propriétaires d’un magasin de jeux, furent les premiers à lui mettre en main diverses figurines et jetons. Un ensemble de pièces qu’il dérobait ci et là dans l’arrière boutique, le temps d’une partie improvisée, le temps d’une composition issue de son imagination, celle de mondes dont il serait l’organisateur, le Créateur. Le temps d’un moment de rêve. Puis vint comme pour chacun la période des études, des examens et des diplômes. Peter oublie quelque peu les divertissements, il préfère penser utile et concret. A la sortie de l’université, licence d’informatique en poche, il fonde son entreprise créatrice de logiciels de gestion. On aurait pu penser que son rapport avec les jeux serait définitivement enterré, oublié.

Et pourtant. Sans le vouloir au début, Peter Molyneux se rapproche de l’univers d’Amiga, puis s’initie au portage. En 1987, sa passion reprend le dessus : c’est décidé, il mêlera son talent de programmeur informatique à sa vision du monde des jeux. Une véritable symbiose. BullFrog venait de voir le jour. Son ami et partenaire, Les Edgar, le suit et l’aidera à monter le premier projet du studio. Il s’agira de Populous.

Nous sommes en 1989. Après deux années de travail, un nouveau genre à part entière vient de naître, et fera dès le début plus de trois millions d’adeptes. Ce genre, c'est le God’s Game, ou la gestion par le joueur d’une divinité, permettant de construire un monde tel que vous l’auriez voulu. Les habitants évoluent à leur rythme en complète autonomie. Vous vous chargez de tisser leur environnement, les reliefs, les mers et océans, les espèces apparaissant. Vous donnez la vie, le petit déclic, et assistez à la suite. Selon votre humeur, vous déclencherez miracles et catastrophes, vous vous ferez adorer tout en vous faisant respecter. A la limite de la mégalomanie, sans y rentrer. Le voilà lancé et assuré par son premier jeu. Les autres suivront bien vite. PowerMonger en 1991, suivi de Syndicate deux ans plus tard. Même si le premier – un jeu de gestion et de stratégie – passera quelque peu inaperçu, le second sera très apprécié. En témoignent les retours réellement positifs des joueurs, tant séduits par l’action que par l’univers futuriste. Là encore, la stratégie est bien sûr de mise.

Dans la seconde moitié des années 1990, Molyneux se plonge dans un vrai approfondissement des jeux de gestion. Des jeux qui influeront sur tout un genre. Theme Park verra le jour en 1994, consistant à construire son propre parc d’attractions. Trois millions et demi d’exemplaires du titre seront vendus. La même année sort Magic Carpet, premier jeu de shoot du créateur. Il sera malheureusement éclipsé par Doom, qui bénéficie à l’époque de plus grandes innovation et d'une visibilité supérieure.

Pour Peter Molyneux, la tension monte d’un cran au sein de BullFrog . L’éditeur Electronic Arts accentue sa position d’actionnaire jusqu’à devenir majoritaire et racheter la société. Il impose en contrepartie des délais et un cahier des charges parfois contraignants. Notre homme à l’esprit créatif le supporte d’autant moins. Il participera ainsi avec bien peu de passion et un approfondissement très mesuré au développement de Dungeon Keeper. La sortie de ce jeu au milieu de l’année 1997 sera félicitée. Mais, à la même période, tombe l’annonce du départ volontaire de Peter Molyneux.

Une nouvelle aventure commence à l’aube de l’an 2000. Ayant retrouvé l’indépendance avec la création du studio Lionhead, Molyneux se replonge dans son imaginaire. En 2001, le genre des God’s Games compte un nouveau né : Black & White. Le joueur y dirige un dieu incarné sous la forme d’un héros titanesque. Evoluant sur six îles différentes, il cherche à obtenir le respect des habitants, par la reconnaissance ou la crainte.

Les jeux de Peter Molyneux ont non seulement un aspect scénaristique novateur mais conquièrent aussi leur public par des graphismes richement conçus. Cela est d’autant plus vrai à partir de Black & White. Le second opus, en 2005, puis son add-on Le combat des dieux, pousseront toujours plus haut ce titre. Peter Molyneux s’essaye aussi au RPG médiéval-fantastique en 2005, avec Fable : The Lost Chapters. Les critiques sont conquis.

Dernière série en date, celle de The Movies. La version originale date de 2005, et une extension, Stunts & Effects, a vu le jour en avril 2006. The movies est un jeu où vous dirigez un studio de cinéma. Des années 1920 jusqu’à la consécration à la fin du Xxème siècle, vous créez les productions de votre choix. Pour cela, vous coordonnez les acteurs et tournez des scènes, que vous pouvez d’ailleurs sauvegarder puis remonter. Une véritable simulation qui mêle la gestion à la création. Là encore, un jeu de liberté, dont la fin de la trame se fixe au XXème siècle, mais où vous pouvez poursuivre votre partie jusqu’à être lassé, plusieurs siècles après.

Actuellement, Peter Molyneux a plusieurs projets en cours. Le premier s'intitule Dimitri, et peu d’informations ont pour l’instant filtrées à son sujet. Quant au second, c'est tout aussi vague, puisqu'on sait simplement qu'il s’agira d’un FPS.

Notons pour finir que la plupart des anciens jeux de Sir Peter sont disponibles en abandonware : une façon de les découvrir gratuitement et de vous rendre compte par vous-même de la patte de cet artiste.

Jeux majeursRetour au sommaire
jeux-majeurs
Magic Carpet
- 1989 : Populous

- 1991 : Powermonger

- 1993 : Syndicate

- 1994 : Theme Park

- 1994 : Magic Carpet

- 1997 : Dungeon Keeper

- 2001 : Black & White

- 2005 : Fable : The Lost Chapters

- 2005 : The Movies

- 2005 : Black & White 2

Originalité, indépendance et humanismeRetour au sommaire
originalite-independance-humanisme
Black and White
originalite-independance-humanisme
The Movies
S’il fallait résumer en quelques mots Peter Molyneux, on l’annoncerait à la fois comme quelqu’un d’original voire parfois de révolutionnaire, d’indépendant, et enfin de profondément humain.

Cet homme n’a eu de cesse, depuis ses débuts dans le jeu vidéo, de rechercher encore et toujours de nouveaux concepts. Il a surtout cherché à surprendre les joueurs par l’apparition d’un nouveau genre, celui des God’s Games. C’est dans ces jeux, par une volonté de donner la plus grande des libertés au joueur – sans le contraindre à des actions définies, sans imposer un déroulement écrit, une fin préparée et inévitable – qu’a eu lieu la petite révolution. Ce sont ces idéaux que l'on retrouve dans The Movies, en un autre temps et dans une autre trame : là encore, chaque participant peut construire son propre parcours et s’impliquer dans le jeu à sa manière. Finalement, c’est le jeu qui s’adapte au joueur, et non l’inverse.


Peter Molyneux est une source d’idées neuves, bien souvent dominées par une profonde réflexion. Une bonne partie de ses créations impliquent d’ailleurs un exercice intellectuel de la part des joueurs. Ils mettent en avant des questionnements sur les rapports sociaux, tel que celui du maître et de l’esclave, ou du créateur et de la créature. La liberté qu’a le joueur de faire le mal ou le bien lui permet de les cerner de mieux prendre conscience de ces deux choses. Cela de façon à ce que, à l’arrivée, il fixe ses propres bornes.

Peter Molyneux n’échappe certes pas à la logique commercialle. Cette dernière reste le moteur de bien des productions, mais il n’a jamais toléré pour autant d’être guidé par des contraintes de temps et d’argent imposées par les éditeurs. Son indépendance lui est chère. Les deux studios qu’il créa en sont la preuve vivante, plus particulièrement Lionhead , qui n’avait d’autre but que d’échapper à la main mise d’ Electronic Arts. Une façon de conduire des jeux plus personnels et répondant plus aux critères d’innovation qu’à ceux de productivité.

Son décalage et sa prise de risque ont parfois eu du mal à séduire les éditeurs, mais pas le public. Ce sont les joueurs, ceux de Populous ou de Black And White, qui ont montré à quel point Molyneux avait tapé juste. Cet engouement pour ses créations, et les millions d’exemplaires qui en découlèrent, ont placé son nom parmi les grands du jeu vidéo, et ce pour longtemps.
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