[Medieval : Total War] Présentation des factions du jeu

Au cours des 100 dernières années environ, l'Empire byzantin a vu sa puissance et son influence lentement décliner. Comparée aux autres nations chrétiennes, Byzance est toujours fabuleusement riche, son peuple est l'héritier de la grandeur impériale de Rome. Mais le désastre a frappé l'an dernier : Constantinople est tombée devant une soi-disant armée croisée, constituée d'hommes ambitieux et cupides qui auraient dû combattre les ennemis de Byzance. A la place, ils se sont emparés de la cité, installant sur le trône un usurpateur, "l'Empereur latin", et le véritable empereur est désormais en exil !

Si de nombreuses richesses ont été pillées lors de la prise de Constantinople, ce qu'il reste de l'Empire attire toujours les convoitises. Le commerce a enrichi le trésor impérial grâce aux taxes et aux pots-de-vin, et la monnaie byzantine reste universellement acceptée. Constantinople (ou Byzance) elle-même, fondée comme une deuxième Rome par l'empereur Constantin, est toujours la plus grande cité d'Europe, même sous le règne du faux Empereur latin. Ses murailles semblent imprenables, son peuple incroyablement riche et cultivé.

L'Empire byzantin a ses propres problèmes, en plus d'avoir perdu sa capitale. Ses armées de mercenaires ne sont plus aussi formidables que par le passé et elles coûtent cher, quand bien même elles le protègent. Les anciennes frontières ont été brisées et envahies, mais il reste à l'Empire sa grandeur maritime. Les Croisés de l'occident n'ont rien fait pour améliorer la sécurité, n'étant que des pilleurs barbares, si ce n'est d'avoir attiré l'attention des islamistes loin des Byzantins. Le Pape de Rome et les patriarches byzantins restent toutefois en désaccord, malgré l'expansion de l'Islam.

A l'est et au sud, les puissances turques et arabes menacent de s'emparer d'autres territoires. Mais il y a la possibilité de s'allier à l'une des puissances islamiques parmi les moins intransigeante, et de les utiliser pour frapper leurs frères musulmans. Cela étant dit, l'apparente faiblesse de Byzance recèle une force et une volonté de survivre. L'Empire peut ne pas disparaître, tant qu'il est entre les mains du bon empereur.

L'étoile des rois français brille, assurément. Ils ont beaucoup fait au cours du siècle dernier pour faire de la France une nation forte et pour protéger ses frontières contre leurs ennemis. Grâce aux erreurs anglaises (et à la puissance des armées françaises), certaines des terres contrôlées par les Anglais sont de nouveau entre des mains françaises. Les nobles français sont toujours aussi intraitables et têtus, bafouant l'autorité royale à la moindre opportunité, mais la position du roi est forte, son trésor bien rempli et ses perspectives meilleures que jamais.

Les Anglais, bien sûr, considèrent toujours qu'une bonne partie de la France leur appartient et persistent à vouloir devenir les maîtres. Les Français doivent donc gérer cet adversaire agressif au nord, mais peuvent contrer les projets anglais en lançant leur propre invasion : les Anglais ne peuvent pas être forts partout ! A l'est, le Saint Empire Romain Germanique est une menace moins prégnante que par le passé et il y a des opportunités de développement vers l'est plutôt qu'en France même. S'étendre dans le nord de l'Italie est également une bonne option pour assurer la gloire française, tout en bloquant les ardeurs allemandes et en affaiblissant les Italiens ! Au sud, les Espagnols seront sans doute principalement occupés à combattre les Almohades. Les Français ont les meilleurs chevaliers du monde à leur disposition, mais il faudra plus que du courage pour assurer la gloire de la couronne !

Tout cela dépeint une situation idéale des forces et des perspectives françaises, mais un roi sage sait qu'il y a toujours des imprévus. Continuer de consolider les défenses des territoires français est une bonne stratégie avant de lancer une expédition vers des terres lointaines. Les conflits religieux peuvent également mettre un royaume à genoux aussi sûrement que tous les autres. Les Français doivent s'en souvenir, car l'hérésie est un cancer si elle n'est pas soumise. L'Eglise catholique, qui n'est pas toujours la plus facile des alliées, doit être apaisée ou contrôlée, car la puissance et les bénéfices d'une Croisade sont des éléments qu'un monarque français doit garder à l'esprit.

En 1205; l'Angleterre est une terre qui offre des perspectives de grandeur, mais qui a souffert de durs revers au cours des dernières décennies, perdant en puissance. Les Anglais ont toujours la possibilité de devenir une grande puissance en Europe, d'unifier les îles britanniques à la France sous une seule couronne. Cela avait presque été le cas sous Henry II, il y a cinquante ans de cela. Mais depuis lors, l'empire angevin s'était divisé et avait perdu.

L'Angleterre est une nation insulaire, mais potentiellement riche (sa fortune étant basé presque exclusivement sur le commerce peu glorieux mais très rentable de la laine). Les terrifiants archers longs gallois ont également rejoint les rangs des armées anglaises. Les possessions continentales des rois anglais ont réduit comme peau de chagrin, perdues aux Français dans une série de mauvais marchés, de guerres et d'actes irréfléchis. A une époque presque maîtres en France, les Anglais sont sur la défensive depuis plusieurs générations, s'accrochant aux dernières terres qu'ils possèdent.

Les Anglais se sont toutefois rendus maîtres de leur île d'origine. Les Gallois ont été soumis, pour ne pas dire écrasés. Le Pays de Galles nécessite toutefois d'y maintenir d'imposantes garnisons. Les Ecossais peuvent être contenus et la conquête de l'Ecosse (ou les manipulations dynastiques qui assureraient son annexion) reste une ambition anglaise, qui pourrait être satisfaite en y mettant suffisamment de moyens.

De l'autre côté de la Manche, il y a les terres françaises des rois angevins à reconquérir. Le royaume de France règne sur la majeure partie de la France, mais tout roi anglais pourrait, et devrait, réclamer de régner sur des terres françaises. Les quelques territoires anglais subsistant en France ont beaucoup de valeur en eux-mêmes, mais ils offrent également une tête de pont pour lancer une offensive et reprendre ce qui appartient de droit aux Anglais ! Une fois conquis, ces territoires nécessiteront des garnisons pour les protéger contre l'inévitable riposte française. Cette lutte pour la domination avec les Français doit être prioritaire dans l'esprit de tout dirigeant anglais, et guider ses choix d'alliance sur le court et le long terme.

Dans l'ensemble, les Anglais sont une bonne position pour devenir une puissance dominante en Europe de l'Ouest.

Au cours du dernier siècle, les belliqueux Turcs se sont emparés de plusieurs territoires de l'Empire byzantin. Ils peuvent à juste titre être fiers des traditions guerrières et des talents qui leur ont permis de devenir de puissants princes musulmans après n'avoir été que des guerriers des steppes. Les Sultanats sont maintenant à même de défier le pouvoir byzantin, et pourraient même un jour mener à la chute de l'antique empire. Le clan dirigeant, les Seljuks, commande des armées à la fois compétentes et disciplinées, cette deuxième qualité manquant parfois aux armées chrétiennes. Leurs terres allant de l'extrême est de la Méditerranée et remontant vers la Mer Noire, ils contrôlent les routes commerciales vers l'Orient et profitent des richesses qu'elles génèrent. Il y a bien sûr toujours des disputes à propos de la succession, mais on pourrait dire de même de toutes les nations émergeantes d'Europe et du Moyen-Orient.

Les Turcs sont une force avec laquelle il faut compter désormais à l'est du bassin méditerranéen. Ils dominent les approches de la Terre Sainte et disposent de réserves d'hommes importantes pour leurs armées. Ces armées sont d'ailleurs bien plus disciplinées que les troupes occidentales et parfaitement à même de défendre les frontières du Sultanat, voire d'avancer dans des territoires disputés. Ces armées seront bien nécessaires car les Croisés chrétiens sont une menace importante, d'autant qu'ils semblent irrationnels. Et les encouragements byzantins à poursuivre les Croisades visent directement à affaiblir le pouvoir et l'influence des Turcs. Que le dernier des Croisés ait été repoussé hors de Terre Sainte (et quand bien même le Sultan égyptien y règne actuellement) ne doit pas faire penser qu'ils ne reviendront pas causer leurs méfaits. Un sultan sage est avisé de garder ses armées prêtes pour la guerre, même s'il n'envisage pas immédiatement de repousser ses frontières.

Les Turcs, toutefois, peuvent se permettre de voir au-delà de leurs défis immédiats et d'ambitionner de nouvelles conquêtes. A l'ouest, l'Empire byzantin n'est plus qu'une ombre de sa grandeur passée, mais il reste un rival à écraser définitivement. Tant que les Byzantins ne sont pas éliminés, l'expansion turque atteindra rapidement ses limites. Une fois les Byzantins repoussés, les Turcs auront également sécurisé un accès au bassin méditerranéen et s'ouvriront ainsi des routes maritimes vers d'autres terres. Si les Croisés fanatiques sont toujours une menace à prendre au sérieux, les réalités politiques peuvent pousser les princes chrétiens à considérer une alliance. Eux-mêmes ont des ambitions qui peuvent servir les desseins des Turcs. Au sud, les frères musulmans d'Egypte n'en demeurent pas moins des rivaux de taille. Il faudra bien établir les frontières avec l'Egypte, et tout bon Sultan turc fera en sorte qu'elles soient le plus au sud possible.

Encerclé de rivaux et affaibli par les dissensions internes, le Saint-Empire Romain Germanique peut sembler faible, royaume ne tenant que par les liens les plus fragiles. Personne dans l'Empire ne se croit vraiment sujet impérial, les loyautés vont aux principautés, aux duchés, à la ville franche… parfois même seulement à leur propre village. Le Saint-Empire Romain Germanique semble plus un idéal dans l'esprit des gens qu'une réalité. Et entre les mains d'un dirigeant faible, c'est à peu près ce qu'il est. Mais si l'Empereur est fort, la puissance impériale peut être impressionnante. Les dignitaires contraints de s'effacer devant l'autorité impériale, et une fois les dissensions et les problèmes de loyauté réglés, de grandes choses peuvent s'accomplir. L'Empire peut être tenu par la force de la volonté et des armes, et rendu plus grand encore si ces deux conditions sont réunies.

Avant toute autre considération stratégique, l'empereur doit éviter d'entrer en guerre contre plus d'un adversaire en même temps. Sa position centrale en Europe lui permet d'attaquer dans toutes les directions, et si l'Empire peut être bien défendu contre des ripostes, un encerclement reste un encerclement. La puissance impériale doit être concentrée et utilisée contre un seul adversaire, tandis que la diplomatie doit s'assurer que vos ennemis n'attaquent pas de concert.

Pousser vers l'est en direction de la Pologne ou de la Hongrie peut être profitable, bien que les capacités combattantes de ces deux nations ne doivent pas être sous-estimées. Par-delà, vous trouverez de l'espace pour vous développer pratiquement à volonté. A l'ouest, les Français pourraient être distraits par une guerre contre l'Angleterre, et cette rivalité de longue date peut être exploitée. Au nord, les Danois sont à surveiller, car ils semblent bien vouloir se constituer leur propre empire. Au sud enfin, les riches provinces de la péninsule italienne sont tentantes, et la dispute de longue date avec le Pape quant à la nature de l'autorité papale pourrait nécessiter qu'une armée occupe Rome, même si le contrecoup religieux pourrait être douloureux.

Enfin, aucun empereur ne doit négliger les opportunités que représente une Croisade. Rien de durable n'a peut être été atteint pour l'heure en Terre Sainte par les Croisés, mais qui sait quels avantages un dirigeant rusé pourrait tirer d'une telle aventure ?