Test Wasteland 2 (PC, Mac) : 8/10 sur JeuxVideo.fr

À la manière de Divinity : Original Sin, Wasteland 2 s'est reposé sur une campagne de financement Kickstarter pour aboutir. Autre point commun avec le jeu de Larian Studio, Wasteland 2 est un jeu de rôle que l'on peut qualifier de old-school. Il n'est pas question de faire vibrer les joueurs avec de remarquables effets de lumière, de la pyrotechnie en veux-tu en voilà ou d'impressionnants dragons. D'abord, Wasteland 2, c'est du post-apocalyptique, alors les dragons... En plus, il s'agit ici de faire plaisir aux fans de la première heure, à ceux pour qui le meilleur Fallout est le second opus. Alors, même si ce n'est pas aujourd'hui que vous allez rentabiliser votre GTX 980, laissez-vous tenter, Wasteland 2 mérite que l'on s'attarde sur son cas.

Wasteland premier du nom ne parle sans doute qu'à une toute petite poignée de joueurs et pour être tout à fait honnête, même votre dévoué n'a jamais bouclé ce jeu de rôle lancé en 1988. Malgré tout, l'idée d'une suite a motivé Brian Fargo et son équipe d'inXile pour tourner définitivement la page de Fountain of Dreams - qui ne faisait guère honneur à la franchise à sa sortie en 1990 - et pour proposer un jeu de rôle difficile, à la limite impitoyable, mais particulièrement gratifiant. Qu'on se le dise, Wasteland 2 n'est pas à mettre entre toutes les mains et certainement pas entre celles d'un débutant, mais après avoir fait ses premières armes sur... Divinity : Original Sin (au hasard), se lancer sur Wasteland 2 est la suite logique.

Plantons un peu le décor. Wasteland 2 prend place dans un univers post-apocalyptique. Le sud-ouest des États-Unis - et sans doute le reste du monde - a été touché par une catastrophe nucléaire dont on ne connait pas l'origine exacte. Peu importe en fait, l'Arizona et la Californie comportent de nombreuses zones irradiées, la société telle qu'on la connaît aujourd'hui n'est plus et les différentes populations tentent par tous les moyens de survivre. Par tous les moyens, voilà les maîtres-mots de Wasteland 2. Entendez par-là qu'il ne faut faire confiance à personne : les habitants sont plus pourris les uns que les autres et les radiations sont sûrement montées au cerveau de certains... ils ne sont pas seuls dans leur tête !

Mené par le Général Vargas, un groupe tente de rendre une certaine justice, les Desert Rangers (notre faction) et, alors que débute la partie, nous sommes envoyés sur la piste de l'un des nôtres. Avant d'en arriver là - old-school oblige - il faut passer par l'inévitable création de personnages. Les « purs » y resteront des heures à tester différentes choses et à parfaire leur groupe. De manière classique, on dispose effectivement de caractéristiques de base et de compétences, mais ces dernières sont aussi nombreuses qu'elles couvrent des domaines spécifiques. Ainsi, à côté des spécialisations d'armes (de poing, sniper, à énergie, blanche...) et des compétences de socialisation (marchandage, grande gueule...) se trouvent plein de savoir-faire (réparation, chirurgie...).


Vous vous en doutez, ces multiples compétences ne sont pas juste là pour faire joli. Elles servent un système de jeu qui laisse la part belle à notre façon de voir les choses. En effet, face à une situation donnée, à un piège ou à un dialogue, il y a souvent plusieurs approches possibles. L'exemple le plus évident est la conversation qui permet bien sûr de poser des questions aux différents personnages non-joueurs (PNJ), de récupérer des informations et d'obtenir des quêtes. Tout dépend cependant des compétences dont on dispose : aux options de discussion « basiques » s'ajoutent celles liées aux compétences de « gros dur », de « lèche-cul » et de « petit malin ». Autant d'options donc qui permettent de varier les situations et les parties.

De la même manière, un personnage doué en électronique pourra neutraliser des alarmes alors qu'un artiste de l'explosif sera capable d'ouvrir une voie dans un champ de mines. De fil en aiguille, on aboutit à des parties qui se déroulent de manière sensiblement différente selon, par exemple, que l'on décide d'attaquer de front la faction du Scorpion Rouge ou que l'on préfère faire le tour de leur base en « rendant visite » à leurs cochons. Inutile de vous dire que pour disposer de la plus grande liberté d'action, il est impératif d'avoir un groupe équilibré : une bande de « body-buildés » sans cervelle ou une escouade des génies chétifs passeront forcément à côté de très nombreuses subtilités... D'où l'importance de la phase de création déjà évoquée.

Une importance qui ne se limite pas aux seuls dialogues et influence en réalité absolument tout le déroulement de Wasteland 2 : inXile a effectivement opté pour un scénario fait de multiples embranchements. Pour ne donner qu'un rapide exemple : en début de partie, deux messages radio vous invitent à secourir les populations de l'AgroCentre et d'Highpool. Si vous décidez de voler à l'aide du premier groupe, vous découvrez un village d'Highpool bien différent de celui que vous auriez pu visiter en y allant d'abord... plus peuplé notamment. Ah, et puis moins brûlé en fait. Surtout. Ces embranchements et ces nécessaires choix parsèment toute l'aventure Wasteland 2 et parfois de manière beaucoup plus subtile, sans que l'on y prenne vraiment garde.

Nos aventuriers progressent donc à leur rythme en fonction des objectifs que nous donne le Général Vargas, mais aussi en fonction des quêtes secondaires que l'on décide d'accomplir. Dans Wasteland 2, nous ne sommes jamais obligés de rien - sauf en ce qui concerne le fil conducteur - et il est possible de régler son compte à (presque) tout le monde. De fait, on peut très bien tailler le bout de gras avec la majorité des PNJs ou décider de leur faire avaler leur bulletin de naissance, histoire de vérifier que le coefficient de pénétration de la 5.56 mm est supérieur à la résistance d'un crâne humanoïde... Je vous le donne en mille : il l'est ! Enfin, sauf si ce dernier est protégé par une armure +5 et que son porteur tire plus vite que vous !

Puisque nous parlons de tirer, il est peut-être temps d'aborder la question des combats. En effet, jeu de rôle et post-apocalyptique, Wasteland 2 est pour une bonne part consacré à la castagne. Celle-ci se fait au tour par tour avec un classique système d'initiative. Petits regrets à ce niveau : le découpage en cases carrées est moins efficace qu'en hexagones et il ne semble pas possible de ralentir l'intervention d'un membre du groupe. Il faut donc jongler avec les caractéristiques des uns et des autres, prendre en considération le fait que des ennemis peuvent s'intercaler entre certains de nos personnages et, surtout, bien observer les forces et faiblesses des individus.

À la manière des compétences déjà évoquées, le combat fait appel à des aptitudes propres. Il est ainsi possible de changer d'arme à la volée pour se saisir d'une grenade si les ennemis se sont un peu regroupés. On peut aussi utiliser les premiers soins pour ralentir l'hémorragie d'un comparse. Plus généralement, il faut tenir compte de la portée, des zones d'effets et des points de couverture pour prendre l'avantage sur le camp d'en face. Notez bien qu'on peut jouer les « grosbills », mais il en coûtera davantage de points de vie et de munitions. Si les ressources ne sont pas rares dans Wasteland 2, elles ne sont pas toujours bon marché et de l'argent dépensé dans des kits de soin, c'est autant d'argent qu'on ne pourra employer pour améliorer son équipement.

L'équipement a d'autant plus d'importance que Wasteland 2 n'est pas un jeu facile. Old-school dans son approche, il l'est aussi dans sa gestion de la difficulté, et s'il est toujours possible de changer le niveau de difficulté en cours de partie, on ne peut pas dire que cela soit très gratifiant. Wasteland 2 est un titre qui ne laisse guère de seconde chance et avant d'aller en découdre, il est préférable d'être préparé. Ainsi, au début de la seconde partie de l'aventure (Californie), on déchante très vite : les adversaires sont bien équipés et plutôt malins. On se rend aussi très vite compte que l'univers en lui-même est dur. Il faut régulièrement faire des concessions et, plus grave, des sacrifices.

Il n'y a jamais vraiment de gentils et de méchants. Personne n'est tout blanc ou tout noir. Du coup, on avance en empruntant une voie qui nous semble la plus juste tout en dégommant quelques innocents au passage. Cette noirceur du monde est bien sûr à l'image de la catastrophe qui a ravagé les environs, et la radio en est assurément la représentation la plus éloquente. Celle-ci nous sert à rester en contact avec la base des Rangers, mais elle permet aussi de capter des messages de détresse ou simplement des communications diverses et variées. Nous touchons ici à l'un des gros vecteurs d'ambiance du jeu. Une ambiance qui se matérialise aussi par les dialogues - complètement barrés - et certains éléments graphiques.

Sur ce plan là, Wasteland 2 souffre de la comparaison avec Divinity : Original Sin et les modèles de personnage sont vraiment moches. Les environnements sont un peu moins loupés et quelques jolis effets sont là pour tenter de rattraper le coup, mais inutile de se voiler la face : on ne joue pas à Wasteland 2 pour son aspect graphique, si ce n'est quelques démembrements bien « dégueu » lors des combats ! Heureusement, Wasteland 2 propose une aventure qui se vit par bien d'autres moyens que la seule esthétique et qu'il s'agisse de l'âpreté de ce monde, des discussions complètement décalées, de la violence des combats ou des nombreuses petites surprises (private jokes, easter eggs...), il y a de quoi vous occuper durant plusieurs dizaines d'heures.

À l'occasion du test de Divinity : Original Sin, nous parlions « d'un des meilleurs jeux de rôle de ces dernières années ». Force est de constater que Wasteland 2 est fait dans le même moule. Techniquement moins abouti et peut-être parfois un peu trop porté sur le verbiage, le jeu d'inXile soutient la comparaison avec celui de Larian Studios. Dans un cas comme dans l'autre, nous nous retrouvons face à un scénario fort, mené de main de maître. L'ouverture du monde de Wasteland 2, la déliquescence de la civilisation et le grand n'importe quoi de certaines situations devraient achever de convaincre l'amateur de jeux de rôle. Wasteland 2 donne foi dans le financement participatif et nous fait attendre les prochains RPG inXile !

Test PC réalisé sur une machine à base de Core i7 4 GHz, 16 Go de mémoire vive et GeForce GTX 780 Ti. Le jeu semble à son aise à partir d'un processeur double-cœur 3 GHz, épaulé par 4 Go de mémoire vive et une GeForce GTX460.