Preview E3 : The Witcher 3, les impressions de Nerces en vidéo

The Witcher 3 : Wild Hunt est un jeu de rôle / action, très attendu et prometteur, prévu pour le 24 février 2015 sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. CD Projekt RED, son développeur, a profité de l'E3 2014 (du 10 au 12 juin 2014) pour le dévoiler à la presse. Présent à Los Angeles, Nerces a pu mettre la main sur le jeu et vous livre ses impressions.


La grandeur hallucinante de la carte
Le soin apporté aux nombreux dialogues

On n'a pas encore vu la portée des choix
La réalisation graphique, pas aussi chiadée qu'attendue

Une fois n'est pas coutume, on ne reprochera pas au développeur CD Projekt de n’avoir montré The Witcher 3 qu’en session hands-off : actuellement en version pré-alpha , le titre était encore trop peu avancé. Il n’empêche, l’impressionnante démonstration de 45 minutes de live gameplay a suffi pour donner à voir le grand jeu qui se profile pour l’horizon 2014 (sur consoles next-gen et PC uniquement). S’y retrouvent tous les éléments qui font la singularité de la série de RPGs du studio polonais - progression très écrite, choix moraux nuancés et lourds de conséquences, décors magnifiques -, à une nuance près : l’aventure du Sorcelleur Geralt s’inscrit pour la première fois dans un monde ouvert. Pour autant, The Witcher 3 ne semble pas lorgner sur une structure à la Skyrim, et reste toujours autant préoccupé par ses belles obsessions : atmosphère précise, thèmes narratifs adultes et enjeux dramatiques constants. Retour sur l’un des meilleurs jeux de cet E3 2013.

Dans The Witcher 3, le joueur découvrira un monde en proie à la guerre : les Royaumes du Nord sont victimes des assauts répétés du redoutable empire de Nilfgaard (inspiré de la mythologie nordique), tandis que la Chasse Sauvage, entité meurtrière et mystérieuse vient tout juste de faire surface. Au milieu de ce complexe écheveau dramatique, le joueur suivra le voyage de Geralt, Sorcelleur de son état, tantôt témoin indifférent, tantôt acteur passionné de l'Histoire en marche - selon le choix du joueur.



La combinaison open-world + densité du décor : Le monde ouvert de The Witcher 3 impressionne tant par sa taille (CD Projekt parle d’un monde 30 fois plus grand que celui du 2ème épisode), que par sa beauté, même à courte portée. Chaque parcelle du décor bénéficie d’une même densité visuelle et d’un grand soucis du détail, qu’il s’agisse d’une zone d’intérêt (village, château, etc...) ou de « transition » (rase campagne, bosquet). En passant à l’open-world, ce troisième opus n’a semble-t-il pas troqué la minutie de ses environnements et de ses atmosphère contre un design à la louche pour "remplir" l'espace : une véritable gageure. Exemple tiré des premières minutes de la démo : Geralt, à cheval, aborde une pente montagneuse jouxtant la falaise d’un fjord ; cette même chaîne de crêtes et de pics se prolonge de tous côtés sans perdre en finesse de textures, donnant l’impression d’un monde totalement ouvert à l’exploration.

Le présentateur de notre démo continue de suivre le chemin creusé dans la montagne jusqu’à un pont menant à un château sur un piton rocheux : sans aucun temps de chargement, cette première balade suffit à délivrer une succession de panoramas sublimes, visions crédibles et saisissantes d’un monde médieval taillé dans le roc, plutôt que simple "décor fermé" de jeu vidéo. On ne répétera jamais assez l’impact des textures, lumières et ombres plus fines, ni celui des effets (lumière, eau, reflets) que permet la technologie next-gen : en l’occurrence ils donnent aux décors de Witcher 3 une solidité, une matérialité inédite. Impressionne également l’effort de level-design qui opère la mue des collines et vallées en relief ou bord de mer, dans un respect total du réalisme topographique.

Qualités narratives, choix intéressants : Il a suffit d'une quête pour nous prouver que ce Witcher 3 conserverait l'étoffe romanesque, l'intensité dramatique et les choix sans manichéisme qui font le sel de la série. Alors que l'on aborde un village en lisière de forêt, où sévit un démon meurtrier vénéré par les paysans, un nouveau cadavre vient d'être découvert. Les villageois se rassemblent en panique : faut-il tuer le démon où multiplier les offrandes pour l'apaiser ? Un jeune progressiste soutien la première option, un vieux sage réactionnaire, la deuxième : libre au joueur de trancher en cours de quête et, peut-être, de modifier les traditions de la région.

Mais il faut d'abord mener l'enquête à l'aide de nos « Witcher Senses », nouveau mode de vision qui permet de repérer des indices occultes. De marques rouges en traces de sang, Geralt suit la piste qui se perd au cœur d'une forêt secouée par un orage : la profusion de brins d'herbes, de buissons et d'arbres oscillant violemment sous les bourrasques produit là encore un tableau stupéfiant, rythmé par le subtil jeu d'ombres et lumières projeté par chaque salve d'éclairs. Sur un cairn, Geralt décèle de nouveaux indices : le démon est un Leshen, créature qui ne peut être tuée que si l'on retrouve le personnage portant sa "marque". De retour au village, notre joueur découvre que l'élue du démon est une jeune fille. Un choix intéressant se présente : mentir aux villageois en désignant le vieux sage - et ainsi expliquer son attachement au démon - ou bien dire la vérité, ce que fait notre démonstrateur. Il n'en faut pas plus aux villageois pour crier au « lynchage de sorcière », offrant au joueur le choix de la défendre ou bien laisser les paysans rendre leur justice sauvage.

Combats plus dynamiques : De retour en forêt, le combat s'engage contre le Leshen, démon "de nature" capable d'utiliser l'environnement contre le joueur - en l’occurrence, les plantes et animaux alentours. Le combat est original, comme "dispersé" dans le décor, et requiert de brûler les quatre totems tout en se défendant contre les assauts de la forêt. Une fois la tâche effectuée, on comprend que l'orage était un effet du courroux du démon : à sa mort, la forêt redevient calme et le temps radieux, donnant au joueur la satisfaction d'avoir laissé sa marque sur l'environnement, le temps d'une séquence ludique magistrale.

Autre combat de bonne augure, survenu au hasard d'une balade, Geralt tombe nez-à-nez avec un grand monstre cornu. En guise d'illustration des attaques spéciales de certains des monstres, l'ennemi du moment charge le joueur pour venir s'encastrer dans un muret après une esquive millimétrée - l'occasion d'un contre à coup d'épée et de magie de feu. Nouvelle attaque du démon : l'environnement bascule dans un plan parallèle où il devient invisible. Geralt doit alors activer son sixième sens pour le repérer par son oeil rouge, seule source de lumière dans un décor plongé dans l'obscurité. Au bout de plusieurs passes d'arme, le monstre finit par disparaître dans un nuage de fumée. Cette belle séquence permet d'espérer des combats plus nerveux et précis que dans l'opus précédent, agrémentés de scripts et d'une interaction poussée avec l'environnement.


...ne pas pouvoir y jouer (parce qu'il bien fallait trouver quelque chose) : Seule frustration devant cette impressionnante démo hands-off : ne pas pouvoir prendre la manette pour plusieurs heures d'une session prolongée, tant les ingrédients d'une aventure fabuleuse, profonde et immersive sont dores et déjà rassemblés. Il serait en outre injuste de reprocher à cette version pré-alpha l'absence d'effets visuels et des animations un peu rudes ; il reste encore de nombreux mois à CD Projekt pour les implémenter et les améliorer. Qu'il s'agisse de son monde ouvert dont chaque mètre-carré semble léché, de ses quêtes combinant narration dense et liberté de choix, ou de ses mécaniques de combats qui semblent elles aussi en progrès, tous les signes sont là : The Witcher 3 se profile comme l'un des plus grands RPGs occidentaux de ces prochaines années.