Interview de Samy Ouerfelli, manager du clan aAa

Bonjour, je m’appelle Samy OUERFELLI, 30 ans, je suis analyste programmeur. Mais je suis aussi l'un des membres fondateurs de AAA SOLUTIONS, et son actuel gérant.

Je me permets de paraphraser ma réponse sur esportsfrance : J'ai réellement débuté sur Quake 2 ou j'enchaînais LAN sur LAN tous les mois, voire toutes les deux semaines. Peu de temps après je suis passé sur Counter-Strike ou j'ai créé une équipe, les Acid, aujourd'hui gérée par Franck. J'ai quitté le monde de Counter-Strike le jour de la sortie d'Unreal Tournament (UT) en 1999.

J'ai d'abord évolué dans une formation anglaise, dont certains joueurs sont devenus des amis, mais qui se sont retirés du monde du jeu vidéo aujourd'hui. Parallèlement, je découvrais la communauté française et c'est à ce moment là que j'ai décidé de commencer à m'investir dans Unreal Tournament. Qui est et reste , encore aujourd'hui, mon jeu de prédilection.

J'ai arpenté de nombreuses LAN en France, et militais pour la présence d'UT dans le plus grand nombre d'évènement possible. Lorsque j'ai estimé connaître suffisamment les joueurs français, j'ai entrepris de monter une équipe soudée, sérieuse et motivée à l'instar des grands noms de CS de l'époque. Plus tard je présentais un dossier de presse aux aAa qui ont accepté de nous accueillir.

Lorsque la pression des entraînements et de la compétition s'est intensifiée, j'ai peu à peu accepté de céder ma place au profit de meilleurs joueurs. C'est ainsi que j'ai commencé à prendre goût au côté fonctionnel de l'organisation et de la médiatisation des évènements aussi bien sur Internet qu'en LAN.

Mon dernier tournoi en tant que joueur fut la coupe de France à Lyon en 2003. J'ai alors travaillé pour Ligarena lors de l'ESWC 2003 et 2004, et ces expériences m'ont conforté dans mon désir de rester de l'autre côté de la barrière.

against All authority, équipe composée des meilleurs joueurs de Quake 3 Arena, fut créée en Mai 2000. Quelques mois plus tard, une section Counter-Strike, Alliance (*A*) intégrait ses rangs. De cette fusion naquit l’étiquette « multi gaming team » que nous n’arborons plus, mais qui nous définit encore aujourd’hui.

Toutes les personnes qui se sont succédées au poste de responsable chez aAa ont toujours eu le même objectif : la volonté de contribuer à son développement permanent, en fournissant tous les efforts nécessaires pour maintenir une progression constante de notre équipe, tant sur le plan des performances que sur la proximité de son public.

Ainsi en 2001, afin d’administrer le budget que nous octroyait notre partenaire, feu Arene.com, l’équipe se constitue en association loi 1901, Electronic 75. Cette structure est toujours active et gère les défraiements de toutes nos sections.

Dès lors, aAa n’a cessé de devenir de plus en plus professionnel. Ce qui n’était au départ qu'un regroupement de potes qui savaient bien manier la souris, est devenu au fil de l’eau un projet structuré et dynamique. Nous nous sommes rapproché de partenaires à la fois sérieux et compétitifs, garantissant par là même notre avenir et la réussite de nos ambitions. Et en mai 2004, sous l’impulsion d’une société chinoise, www.xraypad.com, qui souhaitait positionner des produits de qualité destinés aux joueurs de jeux vidéo, la société AAA Solutions voit le jour.

Loin de se reposer sur nos lauriers, nous ambitionnons toujours plus, et nos objectifs pour les années à venir sont nombreux : d’une part consolider nos deux structures (Team-aAa et AAA Solutions) et intégrer à des postes clés, tous les acteurs de confiance qui gravitent autour de notre acronyme depuis des années. Cette réussite passera par la recherche de nouveaux partenaires financiers, passerelle incontournable pour une professionnalisation de nos joueurs ou de notre équipe rédactionnelle, notre second objectif sur un plus long terme.
Sur le plan de la compétition, nous allons entretenir la renommée de l’acronyme aAa sur le territoire national, et continuer sur notre belle lancée à l'nternational (cf. ESWC) avec nos nouvelles sections Battlefield 2 et Quake 4.

J’ai toujours apprécié le spectacle lorsqu’il s’agissait d’une rencontre sur un FPS et plus particulièrement Quake ou Unreal Tournament. Par contre, quel que soit l’engouement des spectateurs pour les RTS, je n’ai jamais accroché Starcraft ou Warcraft 3, tout comme les jeux de sports quels qu’ils soient. Je suis uniquement les rencontres lorsque nos joueurs sont impliqués.
Pour Counter-Strike j’ai souvent résumé les rencontres à un score et à des statistiques en fonction des performances individuelles des joueurs. Mais depuis que j’ai pris le temps de connaître le jeu, j’arrive à apprécier chaque rencontre, le collectif impressionnant de certaines équipes ou l’intelligence de jeu et l’innovation technique des autres. C’est moins spectaculaire et moins entraînant que Quake ou Unreal à mon sens, mais il y a d’autres aspects, qui font le charme de ce jeu le plus médiatisé au monde.

Il n’y a pas lieu d’utiliser les guillemets en évoquant le mot « métier ». C’est une réelle activité professionnelle qui occupe la quasi-totalité de mon temps libre, tous les jours.
En développant une activité autour des jeux vidéo de compétition, nous travaillons dans le cadre de notre passion, c’est ma principale motivation. Ce qui me plaît le plus, c’est l’abondance de projets, la multitude d’idées qui fleurissent chaque jour au sein de notre équipe, et que l’existence de la société permet de réaliser.


Cette activité me monopolise entre 5 à 10h par jour, week-end compris. Inutile de préciser que ça influe énormément sur ma vie personnelle. Certes, c’est un choix, mais lorsque je suis confronté à certaines réactions, je me demande alors si le jeu en vaut vraiment la chandelle. Après plusieurs années, j’ai heureusement appris à relativiser.

Il y a eu deux moments vraiment marquants dans ma vie de joueur.

Le premier a été notre intégration au sein de l’équipe aAa. Pour un joueur ou une équipe, le fait d’être accepté dans une structure avec une telle renommée et de telles possibilités est une consécration. Qui plus est, les membres de l’époque ne se sont pas cantonnés à l’accueil de mon équipe. Ils n’ont pas hésité à nous prodiguer leurs conseils et leurs connaissances. Sans occulter le travail qui est fourni chaque jour par notre équipe, il faut garder à l’esprit que se sont des joueurs comme Zakazul, Eltiozo et Maarek (et j’en oublie) qui ont apporté les premières pierres à l’édifice qu’est AAA aujourd’hui.

Le deuxième moment marquant est plus personnel. C’est le jour où j’ai découvert la vidéo aAa 2003 dans laquelle apparaissaient mes meilleures actions de joueur à Unreal Tournament. Zouzou avait réalisé un tel travail et avait fait preuve d’une telle dévotion, que j’ai vraiment été touché par ce geste. Cette vidéo est une sorte de jubilé, puisqu’elle est sortie au moment même ou je décidais de me focaliser sur l’administratif de l’équipe.

Bien sur, hormis l’ESWC, chaque évènement auquel je prends part, est similaire. Il faut superviser le déplacement des joueurs, veillez au bon déroulement des opérations sur place, puis arranger les départs. A côté de ces activités redondantes, la compétition apporte toujours son lot de surprises, d’adrénaline, de joies ou de déceptions.




Je n’entretiens pas de relation particulière avec les autres équipes, étrangères ou françaises, et je n’ai aucun préjugé. Je suis souvent amené à croiser Nicolas et William de l’équipe goodgame, qui sont à la fois des confrères et des concurrents.


L’e-sport est une passion qui peut consumer une personne au même titre que bon nombre d’activité, mais je conçois parfaitement que les non initiés perçoivent ce phénomène avec une certaine appréhension. Le jeu vidéo de compétition est une discipline qui nécessite autant d’investissement que la natation ou le football. Il est fréquent que les étudiants se retrouvent piégés dans la spirale des entraînements intensifs et des compétitions qui empiètent sur leurs horaires scolaires.
Néanmoins il est tout à fait possible de cumuler une vie sociale comme une scolarité classique avec le jeu vidéo de compétition : Tout est une question d’organisation.

Maintenant je sais pertinemment que l’archétype du « joueur de haut niveau » est souvent un profil en difficulté voire en échec scolaire. La majorité d’entres eux sont pourtant lucides ; Ils savent qu’ils ne gagneront pas leur vie avec le jeu vidéo pour le moment. Les conditions dans certaines équipes, dont la notre, offrent des opportunités dont ils n’auraient peut-être jamais profité, qui plus est, dans le cadre de leur passion. De plus, il est aussi fréquent que des liens qui dépassent la simple relation de « collègues » se tissent. Souvent cette complicité s’estompe en même temps que le joueur cesse toute activité au sein de l’équipe, ce qui explique pourquoi nombre d’entres eux hésitent avant de raccrocher définitivement.

Le joueur consacre généralement deux à trois années de sa vie avant de raccrocher définitivement, puis se focalise sur ses études. Alors est-ce condamnable ou pas ? Je pense que c’est à la fois une question de maturité, de responsabilité, mais surtout une question de priorité.

Une passion n’est pas une addiction.

L’argent qui est injecté dans les divers évènements, que ce soit en dotation (plus de deux millions de dollars pour cette année) ou en partenariat. Certaines marques allant jusqu’à s’approprier leur propre évènement. (Nvidia pour l’ESWC et la CPL, ou encore Samsung pour les WCG). Paradoxalement, les structures qui encadrent les équipes n’évoluent pas ou peu.

Tout dépendra du public qu’il drainera et du nombre d’adeptes qu’il comptera. A l’heure actuelle on utilise un peu trop d’hyperboles lorsque l’on parle de ce phénomène en France. Pour en revenir au mouvement actuel, si la professionnalisation des structures (clubs ou équipe) s’effectue concomitamment à celle des organismes créateurs d’évènements, l’avenir du sport électronique français sera radieux. Il est indispensable que les équipes survivent plus qu’une saison, afin de s’inscrire dans le paysage du jeu vidéo français.

La situation n’est pas uniforme dans le monde. La Corée, l’Allemagne et la Suède dans une moindre mesure, sont en avance sur les autres nations. Les joueurs sont inclus dans le schéma économique de nombreuses sociétés voire grands groupes. Concernant la Corée, le jeu vidéo y est implanté au même titre que certains sports « classiques ». C’est à ces pays de permettre la démocratisation du phénomène. Mais si le public ou les médias se désintéressent du mouvement, l’évolution du jeu vidéo de compétition stagnera.

Dans la continuité de ce que je disais plus haut, tout dépendra de la demande. Le public sera réceptif à partir du moment où il connaîtra le jeu d’une part, mais il faudra aussi qu’il ait assimilé son fonctionnement et les règles qui régissent toutes les compétitions.
Par contre, certains problèmes se présenteront avant que la diffusion d’une rencontre à Counter-Strike, Quake 3 ou encore Unreal Tournament soit autorisée. Ce sont certes des jeux ou l’intelligence, l’acuité des réflexes, ou encore la précision des compétiteurs sont des valeurs appréciées du public, mais ils n’en restent pas moins des univers de jeu ultra-violents. Je vois bien « Familles de France » monter au créneau dès les premières retransmissions…


Il faut s’armer de patience, être persévérant, et toujours garder en tête son objectif. Parfois, vous aurez l’impression d’avoir atteint votre apogée. Gardez bien à l’esprit, que ce n’est qu’une impression.

La série des Unreal Tournament pour le plaisir du jeu, Quake 3 pour le plaisir des yeux, et Counter-Strike pour tout le reste.

Quake 4 (que je n’ai pas encore installé) et Unreal Tournament 2007.

Avec un peu plus de ride et un peu moins de cheveux (bien que ce soit dur)

Si l’actualité des jeux vidéo de compétition vous intéresse, venez la consulter quotidiennement sur le site de notre équipe rédactionnelle : www.team-aaa.com.


JeuxVideoPC.com : Samy, merci beaucoup pour ce témoignage et bonne continuation !