Les grands noms du jeu PC : Chris Avellone

Chris Avellone vient au monde en 1971 à Tustin en Californie. A l’âge de 9 ans il joue au baseball avec un de ses voisins, qui a un jour eu la bonne et heureuse idée de lui parler des règles de Dungeons & Dragons. Rétrospectivement Chris avoue que cette expérience fut l’une des plus horribles de sa vie, le système à la fois complexe et abstrait aurait pu glisser sur le rail de son indifférence si le livre rouge contenant les sacro-saintes règles n’étalait pas à longueur de page des orcs, des gobelins et de jeunes aventurières aux seins énormes.

Avec le temps, le jeune Avellone délaissa les images pour s’intéresser au fond de D&D et pour tenter d’intégrer ces données numériques à un univers fantastique papier. Monde cruel que celui du jeu de plateau, comprendre le fonctionnement de ces règles ne suffisait pas à pouvoir jouer, il fallait encore trouver des gens avec qui partager ses aventures. Après une traversée du désert et de vaines tentatives visant à faire jouer sa famille, le déclic vient un jour où se rendant chez un ami, il découvre Bard’s Tale 2 sur Commodore 64. En une seconde le ciel devint bleu et les prairies fleuries dans la tête de Chris : il était possible de jouer seul avec un ordinateur en guise de Maître de Jeu, et là, miracle de la vie, une vocation naît.

Quelques années plus tard, Chris intègre finalement un groupe de joueurs, et délaissant ces créatures mystérieuses au doux parfum que l’on appelle des filles, se plonge à cœur perdu dans Temple of Elemental Evil durant 2 ans avant de s’attaquer à divers jeux de tous horizons qui, s’ils lui interdisent toute vie sociale, font de lui un expert en jeux de rôle. Durant les quatre années qu’il passa à la Thomas Jefferson High School de 1985 à 1989, tout comme les joueurs de son groupe, il fait des demandes à tous les magasines spécialisés pour devenir rédacteur et ainsi être un maillon actif de la communauté au delà du simple statut de joueur. Les retours sont toujours négatifs, et là où ses amis capitulent, il inonde les magasines de nouvelles demandes encore et encore. Au final Hero Games lui permet d’écrire dans ses pages et de créer des personnages que les lecteurs peuvent reprendre à leur compte.

Pendant ce temps notre homme continue ses études, il sort de la Virginia Polytechnic Institute avec un diplôme d’architecture qui reste pour lui un second souvenir horrible durant lequel il n’avait presque pas le temps ni de jouer ni de piger, ni de découvrir les femmes. Tout ceci se corrigea au College of William and Mary qui entre 1991 et 1994 approfondit ses connaissances en littérature, lui fit trouver une femme et un emploi chez Interplay.

Il met la main à la pâte pour Fallout 2 en tant que designer, créant lieux et personnages avec trois autres personnes, tandis qu’en même temps germe en lui l’idée du superbe Planescape Torment dont il sera Lead designer. Ce jeu majeur devenu aujourd’hui un classique du RPG solo est une période forte de sa vie, il déclare volontiers dans les colonnes d’un de nos confrères qu’à cette période il préférait son job à sa propre vie ! En contre partie, il s’investit tellement dans ce projet que son médecin le met en garde : trop de stress et de caféine rongent sa santé et son cœur est sur le point de lâcher.

Dans le même laps de temps, il travaille également sur Baldur’s Gate et Icewind Dale. Après l’achèvement de ces lourds travaux, on lui confie le développement d’un Fallout 3 attendu par des hordes de joueurs, mais de plus en plus souvent le travail est interrompu au profit d’Icewind Dale II (la série elle même ne se faisant jamais un nom à la hauteur de Baldur) et surtout de Baldur’s Gate : Dark Alliance destiné au marché des consoles qu’Interplay regarde avec avidité et à qui l’on donne toute priorité. De sons côté Fallout 3 est interrompu si souvent qu’il tombe à l’eau, tout comme Baldur 3. En fait Interplay manque cruellement d’argent, ne paie pas les royalties de la série Baldur à Bioware et accumule les erreurs de ce genre. Après avoir travaillé d’arrache pied durant 3 ans sur l’élaboration de ces deux jeux, Avellone comme nombre de ses compagnons d’infortune ne supporte pas l’abandon pur simple et arbitraire des projets et quitte Interplay ainsi que ses développeurs.

Avec cinq hommes issus des anciens studios de l’éditeur moribond, Chris Avellone fonde Obsidian Entertainment. Interplay au bord du gouffre n’a d’autre choix que de vendre ses licences pour tenter de sauver les meubles, et le nouveau studio des expatriés rachète Neverwinter Nights et Star Wars : Knights of the Old Republic. A ce moment une vingtaine d’ex de Bioware/Black Isle rallient la bannière Obsidian et Kotor 2 dont Avellone était le Lead Designer, sorti en 2005 confirme le savoir faire de ces petits gars en matière de RPG.Aujourd’hui Chris travaille sur Neverwinter Nights 2 auquel on souhaite autant de succès.


- Fallout 2 (1998)
Avellone fut l’un des co-designers de ce jeu très vaste en terme de quêtes annexes, de durée de vie et de rôle play. Fallout 2 fut l’une des premières tentatives de notre homme sur un support multimédia et que pourrait-on dire si ce n’est merci ?

- Planescape Torment (1999)
Un jeu à l’ambiance glauque et pesante à la recherche d’un passé perdu où se mêlent sentiments et manipulations. Une durée de vie énorme, un scénario passionnant pour un RPG solo des plus fascinant.

- Star Wars : Knights of the Old Republic 2 (2005)
Basé dans l’univers de Star Wars, ce jeu pose un scénario profond où diverses factions se disputent le pouvoir politique et dans lequel chacune de vos décisions influera sur votre alignement et donc sur le côté de la Force qui prendra le contrôle de votre personne.


- Neverwinter Nights 2 (2006)


Que ce soit dans un univers Post-Apo, Heroïc-Fantasy ou SF, Chris Avellone restera inscrit dans l’histoire du jeu vidéo comme ayant pris part à quelques uns des plus fameux RPG encore jamais créés sur PC. Alors que de nos jours la forme tente de prendre le pas sur le fond dans le monde impitoyable des jeux vidéos, des titres aussi incroyablement profonds et complexes que Fallout 2 ou que Planescape Torment, ont encore de l’espoir à vendre aux joueurs actuels, pourtant ce dernier titre ne plaisait pas à son concepteur alors même qu’il est devenu une référence incontournable pour beaucoup. Se souciant à l’extrême des détails il affirme que les RPG ne seront bons qu’à partir du moment où chaque acte aura réellement un répercussion sur l’ensemble de l’univers, et pour lui voir un MMORPG où chaque personnage passe par la même suite de quêtes pour s’accomplir, est le pire affront que l’on puisse faire au genre qu’il affectionne.

Faire des jeux où chaque choix est important, où chaque clic à sa conséquence, abolir le formalisme des RPG numériques pour que chacun puisse profiter de la liberté des jeux de plateau sur son PC, telle est la tâche pour laquelle semble né Chris Avellone, qui a toujours affirmé n’avoir rencontré comme barrière que celles de ses éditeurs qui ont précipité les sorties de Fallout 2 et Planescape et ont carrément annulé Fallout 3 et Baldur 3. Faire le jeu totalement ouvert que souhaite Avellone semble être une belle utopie de joueur, mais ne sont-ce pas les rêves des fous qui font avancer le monde ?