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[Coupe du monde des jeux vidéo 2006] Interview des girlz 0f destruction
Depuis l’apparition des FragDolls sur la scène de l’e-Sport, les Français commencent à se mettre lentement à la mode des équipes féminines de jeux vidéo. Nous avons donc voulu voir cela d’un peu plus près. Alors, les équipes féminines de Counter-Strike et consors : phénomène marketing pour susciter un peu plus l’attention de joueurs peu attirés par la testostérone ou véritables équipes dédiées au frags et aux skillz ? Nous avons rencontré, à l’occasion de la Coupe du Monde des jeux vidéo (voir notre article), une équipe féminine en pleine progression dans les classements : les Girlz of Destruction (ou GOD pour les intimes). Alors, est ce que les filles ont de l’avenir dans le petit monde du jeu vidéo historiquement dominé par les garçons ?
Notre équipe est composée de filles venant des quatre coins du monde : Espagne, Russie, Chine, Etats-Unis, Canada, Suède et Nouvelle-Zélande. Pour nous retrouver et jouer ensemble, notre sponsor (NDLR : VIA) a mis à notre disposition une maison en Suède, The Home of Chrome, afin de se retrouver régulièrement. Cette maison est totalement dédiée à l’entraînement. Nous pouvons également accueillir d’autres joueurs du monde pour qu’ils viennent s’entraîner et se mesurer à nous. Il est très difficile de jouer online entre nous quand nous ne sommes pas en Suède, à cause du ping énorme. Tout se passe vraiment bien dans cette maison. Plus nous y restons, plus nous aimons passer du temps ensemble.
Etes-vous toujours ensemble à la House of Chrome ?
Nous essayons le plus possible d’être ensemble pour nous entraîner (NDLR : la House of Chrome comporte quatre lits mais peut accueillir jusqu’à huit personnes, qu’il s’agisse de personnes de la team ou d’autres joueurs / joueuses de haut niveau, et comporte en outre de nombreux écrans et claviers / souris supplémentaires pour accueillir des invités). Mais, naturellement, nous rentrons régulièrement chez nous afin de passer du temps avec nos familles. Nous sommes humaines, et avons donc aussi besoin de décompresser.
Pensez-vous que le fait de disposer de cette House of Chrome constitue pour vous un avantage de poids face aux équipes rivales ?
Sans nul doute, car cela aide à s’entendre plus facilement et à communiquer de façon plus commode. Sans pour autant qu’il y ait eu jusqu’à présent des tensions entre nous, d’ailleurs.
Du point de vue pratique, oubliés les problèmes de ping, de décalage horaire… du fait que nous étions éclatées aux quatre coins de la planète.
Quand on compare par exemple aux équipes russes qui s’entraînent dans des cybercafés, il est certain que nous disposons d’un atout de poids.
Comment s’est déroulé le recrutement, la constitution de l’équipe ? Comptez-vous encore recruter d’autres personnes ?
L’équipe s’est constituée en 2001 autour de Mrs X et Missy. A l’époque, trouver des filles adeptes de jeux vidéo et plus précisément de jeu en ligne était rare. Si bien que toute personne répondant à cette définition était la bienvenue dans notre équipe. Du coup, l’effectif était tout sauf stabilisé, et beaucoup de personnes la quittaient au bout de quelques mois, puisque nous avions toutes nos vies à mener en dehors.
Au début, nous étions donc presque désespérées. Mais, très vite, de plus en plus de filles ont voulu se joindre à nous. En six mois, nous avions réussi à trouver la plupart des personnes de cette équipe. Les skills ont bien entendu été importants lors du recrutement, et très vite le nombre de sept nous a convenues. Mais nous savons également que pour progresser encore nous avons besoin d’autres personnes. Nous ne nous le cachons pas.
Oui, nous préférons nous focaliser sur les FPS. Notre discipline de prédilection reste Quake IV, mais nous mettons l’accent depuis quelques temps sur Counter-Strike, et pratiquons également Return to Castle Wolfenstein : Ennemy Territory. Mais hors du cadre de la compétition, l’équipe compte des joueuses de World of Warcraft, de jeux de voitures, et même une fanatique de Myst !
D’autre part, je ne vois pas de raison qui pourrait s’opposer à l’arrivée de joueuses de Warcraft dans l’équipe. Au contraire, il faut se diversifier des habituels Counter-Strike et compagnie.
Jouez-vous parfois en solo ? Vous essayez au moins la campagne solo des FPS ?
Non, nous jouons uniquement en multijoueurs. Quand on a l’habitude de jouer depuis des années en multi, le mode solo vous paraît vraiment fade. Quel que soit le jeu. D’ailleurs, je n’ai personnellement pas pu tenir plus de cinq minutes sur le mode solo de Quake 4. Maintenant, à chaque fois que je lance un jeu, je me fiche des possibilités offertes et de ce qu’il peut y avoir derrière : la première chose que je cherche, c’est le multijoueurs, avec l’envie et frager le plus vite possible. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait avec la démo de Prey dernièrement. Nous avons vraiment toutes acquises le réflexe du « Play online ».
Cela dit, comme nous l’avons déjà dit, nous jouons parfois à autre chose que des FPS dans le cadre de nos loisirs. L’équipe compte des joueuses de World of Warcraft ou d’Oblivion par exemple, mais de façon très sporadique. En effet, l’entraînement, les compétitions et voyages à droite à gauche pour les opérations de nos sponsors, la mise à jour quotidienne de notre blog… ne nous laissent que peu de temps pour nous. Les MMO par exemple sont en outre un domaine dans lesquelles la plupart d’entre nous ne souhaitent pas s’aventurer, de peur d’être littéralement absorbées par le jeu.
Pour le reste, nous attendons avec impatience la sortie de Unreal tournament 2007 et de Ennemy Territory : Quake Wars. Non pas pour leur solo, mais pour s’essayer à quelque chose de nouveau et relever de nouveaux challenges.
Mais ne trouvez-vous pas que faire uniquement du multijoueurs devient répétitif à force ?
On s’en fiche complètement. Peu importe qu’il faille refaire dix fois, vingt fois ou cent fois la même carte. La compétition est ce qu’il y a de plus motivant à nos yeux.
Je pense que la séparation homme/femme vient des débuts de l’e-sport. A l’époque, très rares étaient les filles. Le fait de créer des compétitions séparées permettait donc de mieux faire ressortir l’e-sport au féminin, et ainsi de susciter de nouvelles vocations.
Mais, avec le développement du marché du jeux vidéo et du jeu en ligne, de plus en plus de filles y sont venues. On peut donc espérer qu’à l’avenir, pour autant qu’un jour il y ait autant d’hommes que de femmes qui jouent au jeux vidéo, les équipes deviennent mixtes.
Vous savez, un jour, un gars auquel nous étions opposés s’est écrié : « Oh, mais vous êtes les filles de la House of Chrome ! C’est super de vous voir ainsi sous les feux des projecteurs en ce moment – d’ailleurs, je connais une mère de famille de 35 ans qui s’est mise au jeu en réseau, et même à la compétition, grâce à vous ! »
Au final, nous ne doutons pas qu’un jour les équipes soient mixtes.
Mais, personnellement, vous pensez pouvoir gagner contre des hommes ?
Dans un jeu vidéo, il n’y a aucune différence entre une femme et un homme. Donc il n’y a aucun doute : nous gagnerons !
Dans la plupart des cas, les disciplines sont celles que tout le monde pratique (comme Counter-Strike…) plus celles pour lesquelles des sponsors ont payé. Dès lors que le sponsor est prêt à mettre le prix pour que son jeu fasse partie des disciplines officielles d’une compétition donnée, et pour peu qu’un nombre suffisant de joueurs de haut niveau pratique effectivement ce jeu, il fera partie des disciplines.
Cela dit, dans certains cas, des sondages sont organisés en amont de l’événement par les organisateurs, afin de déterminer les disciplines que les joueurs aimeraient voir figurer au cours de la compétition.
Comment établissez-vous vos tactiques ? Vous avez un rôle prédéfini ? Fates-vous des brainstorming jusque tard dans la nuit pour mettre au point des combinaisons, en fonction de vos prochains adversaires ?
Non, cela dépend de la carte, du jeu, et de l’adversaire. Plus encore, cela change finalement à chaque partie, car nous sommes forcées de nous adapter à la situation et à son évolution. Personne n’a de poste prédéfini, tout au plus Ms. X est la leader de l’équipe. De fait, chaque carte comporte ses particularités, et nous nous y adaptons à force de répétitions.
Pour finir, que comptez-vous faire plus tard ?
Continuer à jouer et à suivre le sujet ! Si nous arrêtons la compétition mondiale, nous comptons au moins ne pas abandonner la communauté des joueurs, rester au courant de ce qui se passe. Pourquoi pas également devenir manager d’une équipe, ou de façon plus générale continuer d’une manière ou d’une autre dans le sport électronique…